Ce n’est pas de coutume, mais le fait est suffisamment grave pour être dénoncé. Un ancien militant de l’ANC (Congrès national africain) se sentant en danger en Afrique du Sud, s’est enfui à l’Ile de la Réunion- avec sa femme d’origine ougandaise, où il a demandé l’asile aux autorités françaises. Militant anti-apartheid et membre de l’ANC, André Lötter a dénoncé en 2013 des fraudes électorales organisées par son parti et l’Inkhata dans l’Etat du Kwazulau Natal. Suite à son intervention, le scrutin fut reporté et 1700 noms intrus radiés des listes électorales.
Depuis cette affaire, le Sud-Africain ne cesse d’accuser son parti de vouloir l’éliminer.
A plusieurs reprises, ma voiture a été incendiée, il ne reste que la coque. Il y a des personnes qui ont essayé de s’introduire dans ma maison, en plein milieu de la nuit. Pendant que l’on se promenait à la campagne, des pétards ont été mis à côté de là où on passait. Ma compagne pensait que c’était des fusils, que j’allais être assassiné là. Le climat de violence en Afrique du Sud nous a poussé à quitter le pays, déclare –t-il à un journal réunionnais.
André Lötter accuse l’ANC, un parti dit de gauche, d’avoir abandonné son combat pendant l’apartheid pour la démocratie, la liberté et l’éradication de la pauvreté. Pour lui, l’ANC n’est plus ce qu’il était au temps de Nelson Mandela et serait devenu un parti d’extrême-droite.
Pretoria affirme ne pas être informé de la demande d’asile de M. Lötter, et l’ANC n’a fait aucun commentaire sur le sujet.
Cette affaire intervient dans un contexte politique en Afrique du Sud caractérisé par des dissensions au sein de l’ANC, des flambées de violences xénophobes contre les ressortissants africains, et une corruption galopante au sein de la classe politique. Le président Jacob Zuma, marié à plusieurs femmes et père de plusieurs enfants, est accusé régulièrement de corruption et surtout d’avoir fait construire aux frais du contribuable sa résidence privée, qui aurait coûté la bagatelle de plus 23 millions d’Euros. Les ex-dirigeants communistes convertis au capitalisme appliquent une politique libérale très loin de réduire l’immense paupérisation des masses noires léguées par plusieurs décennies d’Apartheid et des siècles de domination blanche.
21 ans après la fin de l’apartheid et les premières élections multiraciales, la vie politique sud-africaine est dominée largement par l’ANC, donnant l’air d’un régime à presque parti unique. Néanmoins des contestations de l’hégémonie du Parti de Nelson Mandela s’élèvent de plus en plus au sein de l’opinion et d’autres partis politiques crédibles sont montantes.
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