Sélom Komi Klassou, le Premier Ministre désigné par Faure Gnassingbé réélu (selon les résultats officiels) à la suite de l’élection du 25 Avril 2015 a pris fonction. Il a commencé les consultations – sous la bonne direction des conseillers du Président – pour constituer la nouvelle équipe gouvernementale. Les Togolais observent – avec une teinte d’indifférence mêlée de lassitude – pour voir qui fera son entrée dans cet exécutif et qui en ressortirait.
Avant la nomination du nouveau Premier Ministre, Faure Gnassingbé, par le biais de ses mandataires avait tâté le pouls de la classe politique par rapport à la disposition ou non des acteurs à faire partie du gouvernement. Au départ, il était question de parvenir à une sorte de “pacte républicain”, mobilisant les acteurs du pouvoir et de l’opposition. L’ANC a été le premier parti à botter en touche, lorsque le bruit commençait à courir sur l’hypothèse de la nomination de Jean-Pierre Fabre comme Premier ministre. Ensuite le CAR, l’autre parti de l’opposition présent à l’Assemblée Nationale a “rassuré” ses militants sur son intention de ne pas participer à un tel gouvernement. Ces deux partis de l’opposition se livrent une guerre médiatique pour séduire l’opinion surtout les partisans de l’opposition…
Rendez-vous des strapontins
Certains partis naguère de l’opposition ne font pas un secret de leur souhait de participer au gouvernement. Le premier est l’UFC déjà présente de le gouvernement, grâce à l’accord que ce parti avait signé avec le RPT en 2010. OBUTS d’Agbéyomé Kodjo fait aussi une cour assidue à Faure Gnassingbé, pour rallier le gouvernement. Quant à Jerry Taama du NET, il n’a pas attendu d’être invité avant d’affirmer tout le bien qu’il pense d’une éventuelle participation à la gestion au côté d’UNIR, parti dont il disait tout le mal il n’y a pas si longtemps. L’autre courtisant s’appelle Francis Ekon, le président en poste du parti CPP fondé par Edem Kodjo. Celui-ci avait fait allégeance à Faure Gnassingbé à la veille du scrutin présidentiel.
Ce ne sont donc que de petits partis, sans aucun poids politique qui sont disposés à faire affaire avec UNIR. Si le pouvoir leur accorde quelques portefeuilles ministériels, cela ne changerait rien aux donnes politiques et aux rapports de forces. Et il ne s’agirait pas d’un véritable gouvernement d’union, puisqu’il n’existe actuellement aucune discussion entre ces partis et la majorité présidentielle pour convenir d’un quelconque accord avec un potentiel programme commun de gouvernement.
Gouvernement technique ou politique?
L’autre aspect qu’on attend de vérifier avec la composition du futur gouvernement c’est son caractère technocratique ou politique. Au regard des ambitions affichées par le président Gnassingbé, on devrait s’attendre à ce que les principaux ministères soient confiés à des techniciens et à des personnes rodées dans la gestion publique. Le fils d’Eyadema pourrait dans ce cas faire appel à certains anciens commis de son père. Il garderait aussi certaines têtes de l’actuel gouvernement qui ont fait leur preuve et qui sont indispensables pour la préservation du patrimoine politique.
Cependant les véritables défis qui attendent le prochain gouvernement sont essentiellement d’ordre politique. Même si ce n’est pas une priorité pour le gouvernement, ce dernier fera face à des revendications fortes aussi bien pour les réformes politiques que pour l’amélioration des conditions de vie des populations. La situation d’impasse dans le processus démocratique pourrait aussi engendrer de nouvelles initiatives de mobilisation citoyenne. La légitimité du pouvoir pourrait dès lors devenir un enjeu obligeant Faure Gnassingbé à lâcher du lest.
K. Agboglati ([email protected])
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Laisser un commentaire