Election au Togo: Jean-Pierre Fabre engage le bras de fer

Jean-Pierre Fabre, proclamé président par le Vice-président de la CENI.

On s’y attendait avant le début du processus électoral. Le leader de l’Alliance National pour le Changement (ANC), chef de file de l’opposition togolaise vient d’être déclaré vainqueur de l’élection présidentielle tenue au Togo le 25 Avril. C’est le Vice-président de la CENI, Francis Pedro Amunzu qui a eu l’honneur de faire cette proclamation, sur la base des résultats présentés comme « authentiques » du vote, deux jours après l’autre proclamation de Taffa Tabiou. Ces résultats qui portent sur les commissions électorales locales jugées non litigieuses, présentent Fabre en tête avec 52,20% des suffrages exprimés.

On se rappelle que le mercredi 28 Avril, alors que les présidents John Dramani Mahama et Alassane Dramane Ouattara étaient vénus à Lomé dans une mission de médiation entre les candidats, le président de la CENI avait proclamé unilatéralement les résultats, faisant du candidat d’UNIR Faure Gnassingbé le président élu.

Réponse du berger à la bergère

Ce processus électoral avait commencé sur des bases peu équitables. Les réformes attendues n’ayant pas été réalisées, l’enjeu véritable se trouvait dans la capacité de nuisance des forces en présence. Le pouvoir a démontré la sienne en s’adjugeant le dispositif officiel du vote. Le principal candidat de l’opposition qui jurait de braver le régime des Gnassingbé pouvait compter sur la rue. La réaction que l’ANC vient d’avoir est largement audible et peut être considérée comme le début des troubles tant redoutés.

L’ambiance au quartier général de CAP 2015 ce soir était électrique. Les militants d’UNIR vêtus d’orange la couleur du parti ont jubilé à l’annonce des résultats par le Vice-président de la CENI.

Quoi de neuf dans la stratégie?

Déjà en 2010, Fabre s’était déclaré vainqueur de la présidentielle face au même Faure Gnassingbé. La contestation a duré plus de 3 ans, symbolisé par les rassemblements organisés à la plage de Lomé avec les militants de l’ANC. Cette fois-ci les choses pourraient être différentes. Mais que va donc faire Jean-Pierre Fabre?

La tactique de CAP 2015 ne manque pas d’intérêt. Cette coalition refuse de jouer sur le terrain de la légalité, en renonçant à saisir la cour constitutionnelle pour contester les résultats proclamés par le pouvoir. Elle brandit ses propres données dont la validité ne vaut que ce qu’on veut leur conférer. Le pouvoir étant lui même sorti de la normalité en s’arrogeant une victoire en catimini, on peut admettre que les opposants sont dans leur rôle. CAP 2015 vient d’équilibrer l’équation des anomalies de ce processus électoral, en aggravant du coup la crise électoral qui ne peut plus laisser personne indifférent.

On attend aussi de voir comment la communauté internationale va prendre les nouvelles donnes au Togo, avec les deux présidents proclamés. Les présidents ghanéen et ivoiriens n’auraient pas apprécié la façon dont le président de la CENI avait procédé. Maintenant ils ont de réels mobiles pour revenir à Lomé. Du côté du pouvoir, on indique que les résultats définitifs de la présidentielle pourraient être connus dès demain.

La contestation est lancée. Mais ce bras de fer peut-il être pacifique? Rien n’est moins sûr. Entre la rue et la communauté internationale, l’arbitre de ce nouveau bras de fer aura fort à faire.

Joséphine Bawa.


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