Posture médiatique ou vérité politique, en tout cas un post sur la page Facebook de Gerry Taama, le président du NET, annonce une information surprenante : l’opposition en conclave n’a pas encore abordé le sujet cardinal de la candidature unique à la présidentielle 2015.
La question de candidature unique n’est pas encore évoquée dans les discussions du conclave, écrit-il.
L’opposition continue à discuter des questions de réformes institutionnelle et constitutionnelle et même de questions programmatiques si elles gagnent les élections.
Une situation tout de même surprenante à sept mois de la présidentielle alors que le parti au pouvoir, UNIR, fait une précampagne intense sur le terrain. Les ministres, les députés, et les officiels UNIR, sont quasi permanents dans les différentes localités du pays.
Faure Gnassingbé déjà en campagne
La ministre du développement à la base, Mme Victoire Dogbe-Tomegah, cheville ouvrière du gouvernement, a entamé depuis des mois un parcours de combattant avec son produit, le Fonds national de la finance inclusive (FNFI), distribue des liquidités à tout-va sur l’ensemble des territoires. L’opposition peut très bien décrier ces aides destinées aux activités génératrices des femmes, mais il est incontestable que les 30 mille FCFA remboursables en six mois, sont appréciées des milliers de personnes touchées. Dans un pays où le taux de pauvreté atteint plus de 60% sur le plan national et 90 % dans la Région de la Savane, avec un pic de 96% dans le Kpendjal, ces sommes soulagent un tantinet la misère. Car, la misère est avant tout une question de perception, et un forage, des houes, des machettes, et une petite aide, constituent des sparadraps-en trompe-l’œil, certes- sur des brûlures pas prêtes à s’éteindre.
Unir est en campagne pour son champion. Il suffit d’aller faire un tour sur le blog d’Anaté Kouméalo, la ministre de la Communication et de la Formation civique. Cette experte en communication ne se cache même pas. Sur son blog, elle écrit « Les prémices du mois du civisme », un prétexte pour distribuer des « dons », en fait des kits scolaires et des ordinateurs, le tout sur fond de manifestations avec des groupes folkloriques et des femmes habillées de pieds en cape aux couleurs d’UNIR.
En prélude à une grande tournée nationale que j’entends mener dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale de la formation civique et d’éducation à la citoyenneté, j’ai entamé hier une tournée de sensibilisation dans quelques localités du Togo. L’expérience de cette phase pilote, me permet de mieux m’imprégner des problèmes spécifiques d’incivisme que les populations vivent au quotidien. A cet effet, 17 cantons sont sélectionnés pour cette première phase.
Hier, j’étais à Kouméa. Au cours de cette rencontre d’échanges avec les populations sur le rôle de la culture dans l’éducation citoyenne, j’ai insisté sur l’urgence pour les populations de se réapproprier des valeurs traditionnelles telles que la tolérance, la solidarité, le patriotisme, le respect de la chose publique, l’altruisme, le respect de l’autre …
C’était aussi pour moi l’occasion d’explorer, avec les populations locales les pistes devant les conduire à une autonomisation financière, gage d’un développement endogène. J’ai par ailleurs encouragé les élèves de ce canton à privilégier le travail et à développer la culture de l’excellence. A cet effet, j’ai offert des kits aux meilleurs élèves et du matériel informatique devant permettre aux populations de cette communauté de disposer d’un cyber Café.
J’ai eu plaisir à écouter les étudiants de la localité au cours d’une séance restreinte. J’ai échangé avec eux sur leurs inquiétudes face à la problématique du chômage et la nécessité pour eux de prendre des initiatives entrepreneuriales, conscients de leur rôle important dans le développement local, écrit Mme Anaté Kouméalo.
Dont acte.
Guéguerres pendant le conclave
Pendant ce temps, le conclave de l’opposition s’occupe à des vétilles. Gerry Taama le dit sans ambages. Et le Secrétaire national à la communication de l’ANC, Eric Dupuy ne s’en cache pas:
L’objectif de ce conclave n’est pas à mon avis la recherche de candidature unique qui est aujourd’hui un mal nécessaire pour les Togolais. Les réformes font partie d’abord du cheval de bataille, affirme-t-il sur Radio Victoire FM.
Mieux, le conclave devait permettre d’aplanir les différends entre les deux regroupements de l’opposition.
Une opération de raccommodage qui ne se passe pas sans heurts. On en arriverait même aux mains. Des suspicions poussent partout comme des champignons. La semaine dernière, le trublion Abass Kaboua, président de l’énigmatique Mouvement des républicains centristes (MRC), aurait eu un clash avec Jean Kissi. L’agitateur-président du MRC soupçonne le Secrétaire général du CAR de rouler non pour son président Me Dodji Apevon, candidat contesté de la coalition Arc-en-ciel, mais en filigrane pour Me Yawovi Agboyibo, le rusé bélier de Kouvé, qui aurait tout de même d’handicapants ennuis de prostate.
C’est cette chaude empoignade au conclave que Gerry Taama, le plus geek des hommes politiques togolais, dément. Mais le geek-président est un as de la communication. Malgré sa finasserie pour effacer toute trace de heurts dans les discussions, on a fini par comprendre que tout n’est pas lisse :
Deux petites précisions. La première est que personne n’est venu aux mains lors du conclave. Personne ne pouvait même le faire, car ceux qui prétendument ont eu un clash étaient séparés par deux tables dans un dispositif en U où le CST et l’AEC sont en face à face.
La seconde est que jamais il n’a été question de soutien à un candidat ou un autre. La question de candidature unique n’est pas encore évoquée dans les discussions du conclave. Point.
Par contre, tout ce qui se dit au conclave reste au conclave. J’ai été particulièrement outré de découvrir que pendant que nous étions encore au conclave, les journalistes avaient l’information et en ont parlé.
Les travaux de cette dernière séance ont été plus fructueux. Et la bonne ambiance qui a prévalu est en contraste avec ce que j’entends. Clash il y a eu ou pas. Oui, mais on a vite dépassé ça et nous avons travaillé. C’est le nouveau visage de notre opposition, et je prie que ça dure.
L’humanité s’est construite sur les obstacles.
Conclusion : l’opposition discute pour s’entendre ! Si l’opposition ne discute pas de la candidature unique, c’est qu’elle ira vraisemblablement en rangs dispersés à la présidentielle. D’ailleurs Jean-Pierre Fabre, le « candidat naturel » ne s’y trompe : il fait des tournées dans les différentes localités pour tâter le pouls des populations.
En privé, un trotskyste célèbre de la place confie ironiquement que Jean-Pierre Fabre ne pourra pas faire l’affaire, mais « là où il est, il se voit déjà président en telle sorte qu’il est difficile de lui faire mener une réflexion pragmatique ».
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