L’Afrique de l’Oeust travaille activement à la mise en place d’un régime de monnaie commune. Seulement, le processus a du plomb dans l’aile. La dernière réunion tenue au Nigéria a encore décidé de repoussé l’échéance. Certains pays ne rempliraient pas les conditions de convergence économique exigées.
Agence Ecofin) – Les membres du comité technique en charge de la mise en place d’une monnaie unique pour les pays membres de la CEDEAO, incluant les pays de l’UEMOA utilisant le franc CFA et d’autres pays comme le Nigéria (Naira), le Ghana (Cedis) ou encore la Guinée Conakry (franc guinéen), ont de nouveau suggéré que soit reporté l’entrée en vigueur dès janvier 2015, du régime d’une monnaie unique pour cette sous-région.
Dans le cadre de la 37ème rencontre de ce comité qui s’est déroulé le 14 juillet à Lagos au Nigeria, il a été constaté, comme en 2010, que la plupart des pays ne pourraient pas être en adéquation avec les critères de convergence nécessaire à la mise en place d’un tel régime. Pourtant à cette époque là, Lamido Sanusi (aujourd’hui déchu), alors gouverneur de la banque centrale du Nigéria, avait fait savoir que tout serait mis en oeuvre pour que les pays soient en conformité avec les critères de convergence dès janvier 2015.
On s’éloigne ainsi de la fin du FCFA, comme le suggéraient certains média ivoiriens, au terme d’une rencontre au mois de mars 2014 à Abidjan, avec Kadré Ouédraogo, le président de la Commission de la CEDEAO. Cette annonce prend aujourd’hui des allures de slogan. Aussi, le comité technique s’est résolu à revoir de 11 à 6, les points de convergence nécessaires à la mise en place de ce régime de monnaie unique.
Désormais seulement trois points sont indispensables et dans certains cas ils ont été allégés. La convergence exige désormais que les pays affichent un déficit public de moins de 3%, un niveau d’inflation inférieur à 10% et à moins de 5% à l’horizon 2019, et enfin des réserves extérieures pouvant soutenir 5 mois d’importations.
Les trois autres critères plus souples, sont un ratio dette/PIB de 70%, des avances de trésorerie des banques centrales ne finançant pas le déficit budgétaire à plus de 10% et une variation du taux de change nominal de 10% maximum. Face à une conjoncture économique marqué par la hausse au niveau global des coûts de l’énergie et un tissu productif qui reste assez faible, il sera difficile pour plusieurs pays d’Afrique de l’ouest de respecter même ces nouveaux critères.
Le Ghana est enfermé dans une spirale de déficits jumeaux, du fait d’un déficit budgétaire important et d’un déficit extérieur considérable. La sortie de crise est annoncée vers 2016, mais elle reposera davantage sur les recettes du pétrole, qui en général ont impact assez faible sur le revenu des ménages et la relance de la consommation. Pour leurs parts, les pays de l’UEMOA n’ont aucune marge de manœuvre avec leur monnaie liée à l’euro.
Malgré ce coup d’arrêt, les membres du comité, ont toutefois convenu de faire entrer en vigueur, dès janvier 2015, le Tarif extérieur commun et la libre circulation des biens et des personnes. Le projet de création d’une zone monétaire unique de l’Afrique de l’Ouest est un projet politique. Il participe de la vision d’une Afrique unie, dont l’esquisse a très tôt été tracée par les pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine. C’est en 1983 que les Chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté vont entreprendre de nombreuses initiatives dans le but de créer une zone monétaire unique en Afrique de l’Ouest.
Idriss Linge
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