4 jours après l’échec annoncé du dialogue politique, le Collectif Sauvons le Togo s’est retrouvé à Akassimé, quartier Hanoukopé, pour « faire le compte rendu du dialogue » à ses militants et sympathisants. Comme annoncé la semaine précédente, le CST, dépité de l’issue du dialogue annonce la mobilisation des populations pour des manifestations prochaines. On demande aux femmes de se préparer en conséquence….
Pour Me Zeus Ajavon, il n’y a pas 36 solutions, La solution au statu quo actuel est la mobilisation des masses populaires pour forcer Faure Gnassingbé à accepter les exigences de l’opposition en ce qui concerne les réformes constitutionnelles et institutionnelles.
La mobilisation est l’arme principale du CST, et de ses principales composantes, les partis politiques ANC, ADDI, PSR, Parti des Travailleurs et MRC. Depuis avril 2010, l’ANC, l’ADDI, le PSR, regroupés dans le Front républicain des associations pour le renouveau (FRAC), ont initié des marches, dans un premier temps pour réclamer « la victoire » à la présidentielle de mars 2010, dans un second temps pour revendiquer le retour des députés ANC révoqués de l’Assemblée nationale, suite à un tour de passe passe politico-juridique, ainsi que d’autres menues revendications politiques et sociales.
Il est à noter que le bilan de ses actions a été négatif. La seule satisfaction est peut-être l’heureuse issue judiciaire d’un recours fait devant la Haute Cour de justice d’Abuja, instance de justice de la CEDEAO. Toute entreprise devant les juridictions togolaises ont échoué.
Le CST, regroupement d’associations des droits de l’homme et de parti politiques, a pris le relais du FRAC, lancé plusieurs manifestations gigantesques de rue, dont les fameux « Derniers tours de Jericho » de janvier 2013, réclamant la démission de Faure Gnassingbé. Sans résultat. En dernière analyse, l’histoire du FRAC et du CST, n’est qu’une longue suite d’échecs répétitifs, dont le plus retentissant est le gain de 19 sièges aux législatives, alors que Robert Olympio, membre du Bureau national de l’ANC, en espérait au moins 60 ! Une cinglante défaite à l’origine d’ailleurs qui explique d’ailleurs l’absence des réformes constitutionnelles et institutionnelles, puisqu’il fallait une majorité de l’opposition au parlement pour valider un « retour à la constitution de 1992 ».
Malgré ces échecs, l’opposition, à l’instar de Sisyphe, s’embarque dans une nouvelle aventure de stratégie de la rue, sans grand espoir de réussite. Or, l’histoire du processus démocratique le montre bien assez, les acquis de 1991, l’ont été avec les mouvements syndicalistes et étudiants, les forces vives de la nation étaient très forte.
Aujourd’hui, les manifestations du CST sont gigantesques, force est de le reconnaître, mais elles sont vides. Les mouvements syndicalistes, les professions libérales, en tout cas tout ce qui peut constituer une classe moyenne et déséquilibrer le fonctionnement, sont absents d’un mouvement fort mais sans âme.
Visiblement le CST n’est pas sûr du triomphe de la rue avant la tenue de la présidentielle 2015, ses principaux responsables sont d’ailleurs convaincus de son échec, mais ils s’entête. La rue est devenue une stratégie existentielle sur la scène politique d’une classe politique en manque d’idées, arc-boutée sur ses intérêts égoïstes, et sourde à tout appel au changement.
Le CST ira-t-il à la présidentielle 2015 ? La coalition Arc-en-ciel, paraît plus sage au sortir du dialogue: il faut un rassemblement de l’opposition, une candidature unique, une mutualisation des moyens.
En 2012, quand Wade voulait coûte que coûte faire son troisième mandat, envers et contre tout, c’est dans les urnes que les Sénégalais sont allés le battre. Eux, ils avaient su créer un rapport de force avant de concourir.
« Avant de savoir voler, il faut savoir se tenir debout, avoir des ailes n’est pas suffisant », écrivait le philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Il ne suffit pas de jeter les masses dans la rue. Il faut savoir les utiliser.
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