Togo: Jean-Pierre Fabre sonne la mobilisation de la rue

Le CST a rassemblé plusieurs centaines de ses sympathisants, le samedi après-midi 31 mai   à Akassimé (quartier Hanoukopé),  pour faire le bilan à mi-parcours du dialogue politique. Tout en annonçant une prolongation des discussions jusqu’à mardi voire mercredi 4 juin probablement, les leaders du CST ont fait savoir que le dialogue va tout droit à un échec « inacceptable ». Dans une telle situation, le CST demande à ses militants et sympathisants de se mobiliser pour exiger le retour à la Constitution de 1992, à un code électoral transparent, et empêcher une candidature de Faure Gnassingbé à la présidentielle 2015. Après les prières pentecôtiste et musulmane, et l’hymne national, c’est le journaliste Pedro Amuzun, passé à la politique, qui a pris la parole pour établir  le bilan partiel du dialogue politique en cours, dont il dresse un tableau kafkaïen, avec des délégués UNIR taiseux, ceux de l’UFC accrochés aux actes du CPDC-Rénové et à son régime présidentiel tempéré, et les représentants d’Arc-en-ciel, d’ADDI et de l’ANC, les seuls à vraiment faire des propositions. 1 marche Selon l’ancien directeur de publication du journal Crocodile, il n’y a eu accord qu’un certain consensus sur inutilité d’un Sénat. Sur les autres points, l’UNIR était taiseux, tandis que sur la question de la candidature de Faure Gnassingbé en 2015, les représentants du parti au pouvoir et ceux de l’UFC, ont fait entendre le danger d’interdire l’actuel chef de l’Etat de se présenter l’année prochaine. Vu la situation, il est fort possible selon Jean-Pierre Fabre, président national de l’ANC, que le parti au pouvoir « sorte du chapeau » à la fin des discussions leurs propres propositions disant ce qu’il peut accepter ou non. Par le passé, ils avaient joué le même stratagème au cours d’un dialogue, obligeant l’opposition à accepter le peu contre rien du tout. Pedro Amuzun a alors laissé, de manière démagogique,  la parole aux militants pour se prononcer sur deux cas de figure :

  • l’attitude que doit adopter le CST face à UNIR
  • faut-il permettre à Faure Gnassingbé d’aller à la présidentielle 2015

La réponse en ce qui concerne la candidature de Faure Gnassingbé est sans appel : sa candidature est à écarter ! Alors qu’une prolongation du dialogue se joue jusqu’à mercredi, le CST met la pression sur le pouvoir dont les délégués adoptent un comportement étrange en ne faisant aucune proposition. Au cours d’une intervention en mina, le leader de l’ANC a fait monter les enchères : les propositions de l’opposition ne sont pas négociables ! « Je ne suis pas sûr qu’il y ait quelque chose à donner sur aucun point des discussions. Il faut revenir à la Constitution de 1992 et Faure Gnassingbé ne doit pas se présenter à la présidentielle de 2015. On ne peut pas mettre en balance la transparence des élections, cela n’est pas possible », affirme Jean-Pierre Fabre. Munichisme Puis, le Président National de l’ANC se lance dans un long speech constitué de bric et de broc, fait de cours d’histoire un peu tiré par les cheveux. « Les prochains jours seront durs », affirme-t-il, en faisant référence aux négociations. Pour lui, l’intransigeance doit être de règle dans le rapport avec le pouvoir UNIR-RPT. « Celui qui veut la paix sans combattre, n’a jamais la paix, il n’a que le déshonneur », dit Jean-Pierre Fabre à la foule de sympathisants.  Et il s’est mis à critiquer les échecs répétés de l’opposition, les « trahisons » de certains opposants, taxés de collabos. Il fustige également le refus de l’opposition de recourir à la résistance populaire pour mettre fin au régime. « Nous avons dilapidé la disponibilité populaire depuis 1991 » clame-t-il, laissant entendre qu’il faut recourir à la rue si Faure Gnassingbé ne cède pas sur les points principaux du dialogue. Pour Jean-Pierre Fabre, ceux qui refusent l’intransigeance à l’égard du pouvoir et s’oppose à la stratégie populaire, font preuve de « munichisme ». L’utilisation de l’expression qui caractérise un pacifisme jusqu’au-boutiste est un peu hasardeuse, mais le Président national de l’ANC n’en a cure. « Ce n’est pas la bagarre ou la guerre que nous voulons, mais l’on ne peut pas faire la politique que nous avons fait jusqu’à maintenant« , a-t-il ajouté au cours d’une intervention qui manquait de suite. A l’approche de la présidentielle, le Togo risque de rentrer dans l’ébullition qui le caractérise si souvent à cause du comportement de la classe politique incapable de s’entendre sur le minimum et de savoir regarder l’avenir du pays à l’horizon.


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A propos Komi Dovlovi 1148 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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