La présidente du Malawi défraie à nouveau la chronique. La grande dame de Blantyre n’a pas trouvé mieux à faire que de suspendre le processus de l’élection présidentielle, lorsqu’elle a constaté qu’elle était sur le point de perdre le scrutin. Elle évoque des « irrégularités graves », au profit de son principal opposant, Peter Mutharica. C’est une situation inhabituelle, le monde à l’envers dirait-on, que la candidate d’un parti au pouvoir ait recours à un tel argument pour ne pas reconnaître les résultats des urnes.
Selon un premier décompte partiel portant sur 30% des suffrages, Peter Mutharika, 74 ans, arriverait en tête avec 42% des voix contre 23% à Mme Banda
Au pouvoir depuis 2012, Mme Banda, 64 ans, qui jouait sa survie politique, a déclaré « nul et non avenu » le scrutin présidentiel et législatif, le cinquième depuis l’instauration du multipartisme dans ce pays d’Afrique australe.
« En tant que présidente, j’ai utilisé les pouvoirs que me confère la Constitution pour déclarer les élections nulles et non avenues », a-t-elle déclaré samedi, annonçant de nouvelles élections, sans sa candidature, dans les 90 jours.
La haute cour d’Etat a invalidé ensuite l’annulation présidentielle et a autorisé la commission électorale a poursuivre les dépouillements..
Contre la cause des femmes
On a déjà vu des gouvernements s’ingérer des opérations de vote, voire, subtiliser le matériel de vote – on se rappelle le Togo en 2005, avec le militaire qui fuyait avec une urne, ou la présidente de la commission électorale qui a démissionné en 1998 en plein processus – mais le cas malawite à des particularismes qui méritent d’être analysés.
Cette femme était arrivée au pouvoir en remplaçant l’ancien dirigeant décédé. Elle avait innové dans la gouvernance en lançant des opérations pour améliorer et assainir les finances publiques. La guerre qu’elle avait ouverte contre la corruption avait été saluée en son temps par les partenaires internationaux. Mais Mme Banda a vite changé.
Elle s’éteint rendue coupable de diverses formes de corruption. Certaines ont été relayées dans la presse, amenant certaines agences d’aide internationale à couper leur assistance au pays. La dame sur qui les populations pauvres du Malawi fondaient leur espoir avait déçu et était devenu très impopulaire. L’opposition a su exploiter la situation en retournant contre dame Banda ses propres slogans de lutte contre la corruption.
Les femmes en politique en Afrique est un combat soutenu et encouragé dans plusieurs pays. On admet qu’elles sont plus efficaces dans la gestion des affaires publiques. Elles seraient plus attentives à la situation des couches les plus défavorisées. Les politiques sociales seraient plus avancées dans les pays où on a plus de femmes dans la sphère publique. Les pays scandinaves sont souvent cités en exemple.
L’acte posé par la présidente Joyce Banda est contre les intérêts des femmes en politique en Afrique. C’est aussi un gâchis, car à part le Libéria, le Malawi était le deuxième Etat dirigé en Afrique sur les 54. Ceux qui sont contre la promotion des femmes en politique vont avoir des arguments.
Les réactions suscitées par les tentatives de la présidente malawite permettront peut-être d’éviter une nouvelle crise dans ce pays d’Afrique australe.
K. Agboglati
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