Dialogue intertogolais : Retour sur la question du médiateur

Les délégués au dialogue politique intertogolais n’ont pas pu trancher la question du médiateur sur laquelle les avis divergent. En attendant d’aborder les questions importantes à l’ordre du jour, les protagonistes devraient s’accorder sur le sujet byzantin du médiateur et de son corollaire, la durée de vie du Bureau provisoire. Depuis trois jours,  aucune sujet de fond n’est encore entamé.

Depuis son démarrage lundi, le dialogue, prévu pour prendre fin le 31 mai, n’a pas encore entamé les discussions proprement dites. Les protagonistes sont en train de déblayer le terrain. Ce mercredi, ils se sont entendus sur deux sujets d’ordre pratique : l’ordre des sujets à débattre et l’emploi du temps. Les travaux dureront de 9 heures à 17 heures, de lundi au samedi. En bons chrétiens, ils se sont interdit de travailler le jeudi 29 mai, fête de l’ascension.  Patrick Lawson, le 1er vice-président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), a déclaré ironiquement que c’est pour “permettre aux journalistes de souffler !”

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Les opinions diffèrent sur deux points renvoyés à l’étude ce jeudi : la question du médiateur et conséquemment celle de la durée du Bureau provisoire. Il s’agit de savoir si le Bureau provisoire doit conduire tous les travaux et à quel stade le médiateur doit intervenir. Selon Patrick Lawson,  qui intervient avec un certain optimisme, il y a accord sur le médiateur, il reste à savoir, dit-il encore sur le ton de l’ironie, si celui-ci devrait être un religieux chrétien, musulman ou un prêtre du vaudou. Tout ceci a été obtenu pendant six heures de discussions.

Une mascarade de dialogue

Confinés dans la petite salle de réunion, disposés autour d’une table, où ils sont séparés d’à peine 1 mètre, les représentants de l’opposition et du pouvoir n’arrivent pas à briser la glace, au point de recourir à un médiateur pour concilier les points de vue.

Dans l’opinion, nul ne se fait d’illusions sur l’issue de ce énième dialogue intertogolais qui s’annonce plutôt comme une mascarade. L’opposition souhaitait un dialogue avec le Gouvernement avant de faire ratifier l’accord par l’Assemblée nationale. Le Gouvernement a évité les débats en se mettant en statut d’observateur, laissant les députés UNIR,  de durs caciques du RPT triés sur le volet,  discuter avec les délégués de l’opposition. Cette configuration n’est rien d’autre que les débats en miniature de l’Assemblée nationale transposée dans une exiguë salle de Togotélécom. L’opposition voulait un dialogue, eh bien, le pouvoir le lui a donné !  Le pouvoir tourne ainsi en ridicule son opposition, et montre tout le mépris qu’il a pour elle. Toute cette mascarade serait risible s’il ne s’agit pas de l’avenir d’une nation. Décidément, si l’opposition togolaise fait preuve quelquefois de naïveté, notamment en ce qui concerne la question du médiateur, le pouvoir UNIR  fait la démonstration qu’il n’a fait que changer d’étiquette, les vieilles méthodes du RPT ont la vie dure, difficile à changer. Les négociations s’annoncent serrées, et difficile de prévoir une issue heureuse pour tous. Les protagonistes risquent de s’en sortir comme on entre dans une auberge espagnole.

Ça n’est pas un signe d’intelligence politique de ridiculiser, à la face du monde, son opposition. C’est plutôt un signe de faiblesse, de discuter des questions aussi vitales pour la vie de la Nation que les questions des réformes constitutionnelles et institutionnelles que le Togo n’arrive pas à mettre en oeuvre depuis 7 ans. En son temps Houphouët Boigny, l’ancien président ivoirien, avait subrepticement payé les loyers d’un hôtel parisien dus par l’opposant Laurent Gbagbo, lorsque ce dernier se faisait éjecter. Car, Houphouët, en homme d’Etat, savait que l’humiliation de son opposant, était aussi sa propre honte. Il voulait un opposant digne de lui.

En chef de sa majorité, Faure Gnassingbé sortirait grandi s’il demandait à son Premier ministre d’aller mener ces négociations. Une issue heureuse serait un atout pour lui qui veut faire du Togo un pays émergent dans les 15 prochaines années. Il est illusoire de croire qu’avec cette instabilité chronique, le Togo puisse se relever.

 

 

 


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A propos Komi Dovlovi 1098 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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