Dans un mémorandum rendu public le 9 Février à Lomé et intitulé « Les raisons internes ayant retardé l’alternance politique pacifique au Togo », l’Union des Forces de Changement (UFC) dresse son bilan de la lutte pour le changement au Togo. Le parti de Gilchrist Olympio s’en prend en des termes très durs aux anciens militants qui ont fait défection du parti pour créer l’ANC. Les intentions de l’UFC en publiant un tel document au moment où la prochaine élection présidentielle est à l’ordre du jour ne font pas de doute.
Nous vous livrons ci-dessous, l’intégralité du mémorandum de l’UCF.
Mémorandum de l’UFC
Les raisons internes ayant retardé l’alternance politique pacifique au Togo
Introduction
Une tribune libre récemment publiée par Tido Brassier, ancien secrétaire général de la Fédération Internationale de l’ANC, met en lumière avec beaucoup de talent et force argument, l’impasse politique dans laquelle Jean Pierre Fabre a conduit l’ANC, fragilisant ainsi la dynamique entamée depuis 1992 par l’UFC en vue de l’alternance politique pacifique négociée au Togo sur le modèle de l’Afrique du Sud. Pour comprendre comment on en est arrivé à cette situation, il faut rétablir la vérité des faits au-delà de la conjoncture politique actuelle analysée par Tido Brassier.
L’ANC on le sait est un parti politique issu de l’UFC. Tous ses membres ont tous été des militants de l’UFC. Qu’est-ce qui a donc justifié cette scission, organisée dans la violence verbale et physique, à travers une campagne de diabolisation, d’insultes et d’incitation à la vindicte ? Ses motivations étaient-elles d’ordre idéologique, politique ou personnel ?
Le but de ce mémorandum est de porter à la connaissance des électeurs togolais les informations dont ils ne disposent pas encore pour mieux comprendre comment les méthodes déplorées par Tido Brassier dans sa tribune ne constituent qu’un « bout de l’iceberg » de celles qui ont abouti à l’affaiblissement actuel de la marche héroïque du peuple togolais vers l’alternance politique pacifique après près d’un demi-siècle de lutte.
Philosophie et ligne politique invariables de l’UFC depuis sa fondation
En effet, L’UFC dès sa fondation le 2 février 1992, s’est engagée dans la conquête du pouvoir d’état par des moyens politiques, c’est à dire par la voie du dialogue, du compromis de la négociation et de la concertation avec le régime en place, mais avec exigence et sans concession. Cette ligne politique est clairement affirmée dans le projet de société, et abondamment exprimée par le président du parti devant toutes les audiences togolaises et internationales. C’est du reste, ce souci d’un règlement politique pacifique qui a amené l’UFC à s’engager dans plusieurs dialogues multipartites ou bilatéraux avec le RPT. Peu de temps après la création de l’UFC, Jean Pierre Fabre occupe à partir de février 1994 le poste de secrétaire général en intérim d’Elliott Ohin qui a dû s’exiler. A ce poste, il est membre de toutes les délégations de l’UFC au cours de négociations politiques multipartites ou bilatérales avec le RPT.
C’est cette volonté d’arriver à une alternance politique pacifique et négociée facilitant le vivre-ensemble qui a incliné notre parti à accepter d’entrer en négociation avec le RPT au lendemain du scrutin présidentiel de 1998 que le Président Gnassingbé Eyadema avait perdu. L’accord-cadre signé à Lomé en juillet 1999, était un compromis politique qui devait favoriser une transition politique pacifique et constituer pour le Chef de l’état togolais s’il quittait son poste, une garantie d’amnistie. La volonté de se maintenir coûte que coûte au pouvoir a conduit le Président Gnassingbé Eyadema à renier les engagements personnels qu’il avait pris dans le cadre de cet accord, tout autant que la caution lui ayant été publiquement apportée par le Président Jacques Chirac à Lomé même. Ce reniement a conduit le Togo dans une impasse politique, car le pays a été soumis depuis lors à des sanctions économiques de la part de l’UE et de toutes les grandes puissances mondiales, pour déficit démocratique et non-respect des principes de l’état de droit. Cette ligne politique a été assumée par tous les cadres du parti et Jean-Pierre Fabre qui occupe l’intérim du secrétaire général du parti y a pleinement adhéré. En charge de l’administration et de la mise en œuvre des résolutions du Congrès et des institutions du parti, il avait pour rôle de s’assurer de la formation des militants et de l’application de notre ligne politique. Du reste, tous les rapports établis par le secrétariat général mentionnent les démarches accomplies par le parti pour réaliser l’avènement de la démocratie et une alternance politique pacifique en utilisant les moyens du dialogue et de la prévention des conflits.
Historique et déroulement des multiples négociations ayant abouti à l’accord historique UFC-RPT-UNIR
Arbitrairement exclu de la compétition électorale en juin 2003, le président de l’UFC prendra alors son bâton de pèlerin pour plaider la cause du Togo devant les institutions européennes et onusiennes afin d’aider à renouer les fils du dialogue rompus au Togo, car les sanctions avaient été maintenues au lendemain de ces élections et les populations étaient durement éprouvées par cette situation d’embargo économique et politique. Ainsi, en juillet 2003, devant le Parlement européen, le président de l’UFC plaide pour une solution pacifique de la longue crise politique que traverse le Togo par l’organisation d’un dialogue politique efficace au terme duquel une transition politique serait organisée et des garanties offertes au président Eyadema. Ces propositions vont aboutir à des consultations entre le gouvernement togolais et l’union européenne dans le cadre de l’article 96 de l’accord de Cotonou. Au terme de ces consultations, le Togo prendra 22 engagements en vue de réduire le déficit de démocratie et d’instaurer un véritable état de droit.
C’est également en juillet 2003 que débuta les négociations entre l’UFC et le RPT sous la houlette de la communauté Sant´Egidio près de Rome, avec la participation active de tout le staff de l’UFC, dont en particulier Jean Pierre Fabre, Patrick Lawson, Georges Lawson, et Éric Armerding. Ces négociations ont connu plusieurs rencontres ultérieures, notamment le 28 juillet 2004, le 21 juillet 2005, le 10 novembre 2005 (voir les pièces à conviction en annexe). C’est dans ce contexte que le Président Gnassingbé Eyadema décède. En pleine crise politique, les partis politiques sont en quête d’un modus vivendi pour renouer les fils du dialogue et aboutir à un consensus sur le cadre électoral et toutes les réformes institutionnelles et constitutionnelles nécessaires en vue de l’organisation des futurs scrutins au Togo.
Outre ces discussions bilatérales UFC-RPT sous la houlette de la communauté de Sant’Egidio, des rencontres bilatérales directes eurent lieu entre les deux partis. Ainsi, le 6 juin 2006 a eu lieu au domicile parisien du président de l’UFC une rencontre bilatérale directe dont Jeune Afrique a rendu compte dans son édition du 17 juillet 2006. Du côté de l’UFC, les chefs de délégation étaient Patrick Lawson et Éric Armerding. Quelques semaines plus tard, une nouvelle rencontre est organisée à Accra à laquelle participera Jean-Pierre Fabre (voir en annexe la pièce à conviction de l’article cité de Jeune Afrique).
Au terme de ces dernières discussions fut conclu un accord de partage de pouvoir entre les deux principaux partis togolais préfigurant déjà l’accord historique UFC RPT, et d’après lequel le poste de premier ministre devait revenir pour la première fois dans l’histoire du Togo à l’UFC en la personne de Patrick Lawson.
Outre ces discussions à Paris et à Accra, des rencontres bilatérales eurent lieu à Lomé et qui donnèrent lieu à des relevés de conclusions et des échanges de correspondance, comme la lettre très instructive du Président National de l’UFC au Président du Togo en date du 27 novembre 2007, qui jouit encore d’une actualité brûlante (voir en annexe). C’est aussi le cas du rapport rédigé par Patrick Lawson sur la rencontre du 22 novembre 2007 entre l’UFC et le RPT, révélant les ambitions ministérielles aux lendemains des élections législatives du 14 octobre 2007 de plusieurs dirigeants actuels de l’ANC qui font partie aujourd’hui des plus virulents détracteurs de la participation de l’UFC ou de l’opposition togolaise au gouvernement togolais (voir en annexe). L’objet principal de ces négociations est de résoudre des préoccupations partagées en vue d’un apaisement politique au Togo. Ces négociations visaient la mise en place d’un accord politique bilatéral permettant la poursuite des réformes constitutionnelles et institutionnelles et in fine contribuer à l’avancée démocratique du Togo.
Incontestablement, la chronologie et l’accumulation de ces faits prouvent que l’accord historique UFC-RPT est l’aboutissement d’un long processus de négociations auxquelles ont activement pris part tous les cadres de l’UFC devenus aujourd’hui membres de l’ANC et les plus virulents détracteurs de cet accord historique du 26 mai 2010, présentant toutes ces démarches politiques comme une démarche personnelle du président de l’UFC, nonobstant le fait que selon nos statuts, une seule personne ne peut prendre une telle initiative qui engage la vie de tout un parti, voire de la nation. L’intoxication du peuple togolais sur cette base calomnieuse sous la responsabilité ouvertement assumée des leaders de l’ANC relève incontestablement selon nous du reniement d’engagements moraux et juridiques dûment consignés par écrit, du parjure, de la trahison, du coup d’état, de l’ingratitude et du parricide. Il s’agit indéniablement d’ambitions personnelles au moyen de la manipulation et du mensonge, d’usage abusif et immoral des moyens modernes de communication, de la fausse rumeur et de la désinformation, de la confusion entre l’opinion et la vérité, la sincérité et la vérité, la fausseté et la vérité.
C’est toutefois l’ironie du sort de constater que le coup bas orchestré contre le président de l’UFC sous la forme d’une rumeur qui n’a pourtant jamais été fondée de perception par ce dernier de l’argent du RPT pour le prix de la trahison de la lutte du peuple togolais, se retourne aujourd’hui contre ses propres instigateurs. En effet, en reconnaissant publiquement avoir reçu de la part du pouvoir RPT/UNIR, la somme de 240 millions de FCFA, le double selon des rumeurs, dans tous les cas sans commune mesure avec les indemnités de dédommagement de 27 millions de FCFA imposées au gouvernement togolais par un jugement de la cour de justice de la CEDEAO, et en ayant caché cela depuis le dialogue de juillet 2013 entre le gouvernement, le CST et l’Arc-en-ciel, dont le communiqué final a mentionné sans détail « le règlement définitif de la question des 9 députés ANC », ces plus hauts dirigeants concernés de l’ANC entretiennent eux-mêmes auprès des militants de leurs partis et des électeurs togolais les soupçons d’achat de conscience et de trahison de la lutte du peuple togolais pour l’alternance politique.
Quelque soient les soupçons et les anathèmes jetés par le passé ou aujourd’hui par les uns sur les autres, nous estimons que la réconciliation de la grande famille politique de l’opposition togolaise, que le Président National de l’UFC a appelée de ses vœux dans son message du Nouvel an 2014, et qui est un des préalables, à coté de l’alternance politique pacifique négociée comme en Afrique du Sud, à la réconciliation nationale durable comme en Afrique du Sud, à laquelle voudrait contribuer efficacement « la paix des braves togolais » du 26 mai 2010, doit se construire sur les fondations de la vérité et sur la dissipation des ténèbres des fausses rumeurs, des soupçons et des malentendus par la lumière de la vérité.
Conclusion
C’est à cette fin que nous avons tenu à rendre publiques à l’attention des électeurs togolais dans l’annexe du présent mémorandum les pièces à convictions que constitue la sélection présentée des comptes rendus des diverses négociations citées, avec la mention explicite des négociateurs de l’époque de l’UFC qui prétendent cacher aujourd’hui aux électeurs togolais leurs ambitions politiques et ministérielles de toujours dûment consignées par écrit dans les documents publiés.
Force est de reconnaitre que la stratégie de « l’alternance politique pacifique négociée au Togo comme en Afrique du Sud », mise en œuvre sans complaisance ni compromission, mais avec toute l’intelligence, la sagesse, le tact, le travail, la détermination exigés par le concept traditionnel éwé de « Ayé », comme le Président National de l’UFC cherche à le mettre en œuvre depuis 1999, est la seule stratégie permettant au peuple togolais de couronner par la victoire finale sa lutte héroïque pour l’alternance politique pacifique au Togo comme en Afrique du Sud, après près d’un demi-siècle de lutte.
L’ETERNEL BENISSE LE TOGO !!!
ABLODE ! ABLODE ! ABLODE GBADJA !!!
Fait à Lomé, le 09 février 2014
Pour l’UFC, Le Bureau Directeur
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