Faure Gnassingbé est sûr de son affaire. Il vient de mystifier allègrement ses opposants qui croyaient l’obliger à creuser sa propre tombe en accédant à des réformes qui allaient précipiter la fin de sa régence à la tête du Togo. Il n’avait rien à redouter, juste un tour de passe-passe pour montrer à l’opinion nationale et à la communauté internationale qu’il est « homme de dialogue », comme son père, Gnassingbé Eyadema qui passa 38 ans au pouvoir. Ils sont tombés dans le piège comme des bambins !
Certains avaient pourtant flairé l’entourloupe : ceux qui avaient condamné la tenue des « fausses » négociations entre partis parlementaires, et réfutaient qu’il n’appartenait guère à l’Assemblée nationale d’opérer les réformes pour le renforcement du dispositif normatif et institutionnel de la République togolaise. Faure l’avait voulu ainsi. Trêve de flagornerie !
Le scénario était clair depuis que le gouvernement avait annoncé qu’il n’avait qu’un statut d’observateur au dialogue politique. Le Premier Ministre Ahoomey-Zunu eut le ‘’mérite’’ à l’entame des discussions de créer une atmosphère d’extrême confiance que nous avions qualifiée d’enthousiasme surabondant de l’opposition. Nous aurions préféré avoir tort !
Les ambitions des négociations étaient trop grandes (avec les douze points), face aux acteurs en présence. Quelques exigences résiduelles de l’opposition ont été satisfaites sans coup férir, comme celle d’avoir un médiateur. Comme les opposants participants et demandeurs du dialogue, l’évêque catholique Nicodème Barrigah était aussi naïf, pour croire qu’il était capable d’amener les deux parties à un véritable accord politique.
Certains objecteurs de conscience comme le journaliste Fulbert Attissoh peuvent maintenant ricaner dans leur coin : « pas de dialogue sans rapport de forces » ! disait-il. Mais comment établir ce rapport de forces avec des partis politiques qui se comportent comme dans un système démocratique normal ? Des leaders de partis de l’opposition « minoritaires » comme le vieil Emmanuel Gu-Konu de la CDPA-BT n’en ont pas dit moins.
Alors le parti UNIR qui tient fermement les rênes du pouvoir serait parvenu à ses fins. Il a annihilé les réformes politiques dont il n’avait jamais besoin, et s’apprête à négocier un nouveau bail pour son chef. L’opposition flouée se réunit autour de ses deux coalitions (Arc-En-Ciel et Collectif Sauvons le Togo), pour espérer mobiliser la rue, ou gagner les élections alors même qu’elle n’a obtenu aucune concession pour en assurer la crédibilité. Certains osent même évoquer des solutions plus radicales, en appelant le peuple aux armes ! Mais qui est dupe ? UNIR sait aussi jouer sur ce tableau ; lui qui a réuni le week end passé des milliers de ses militants dans les rues de Lomé, pour donner une onction au petit jeu de flibustier auquel se livrent ses dirigeants impénitents.
Le Togo est un pays spécial, il innove dans des pratiques politiques, en tenant le peuple loin des desiderata de changement démocratique pour lesquels il a consenti des sacrifices et serait prêt à le faire encore.
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