Pourquoi le Ghana accueille des expulsés des Etats-Unis ?

Le Président du Ghana, John Dramani

En Afrique de l’Ouest, le Ghana a bénéficié d’une levée des restrictions de visas vers les Etats-Unis. Annoncée depuis New York pendant l’Assemblée générale de l’Onu le 26 septembre dernier, la mesure serait le fruit de négociations diplomatiques.

En juillet dernier, les États-Unis ont réduit la durée maximum des visas accordés aux Ghanéens, de cinq ans à trois mois. Un grand nombre de personnes auraient dépassé la durée de validité de leurs visas, surtout des étudiants, d’après le gouvernement du pays.

La levée de cette sanction est donc d’abord une bonne nouvelle pour les Ghanéens. Sharon, étudiante de licence en psychologie et français. Elle dit être « heureuse pour les Ghanéens qui peuvent maintenant aller voir leur famille et passer du temps avec eux. Ils devraient juste revenir à l’heure pour qu’il n’y ait pas de problème. »

Hasard du calendrier ?

Mais localement, la nouvelle soulève des questions, car elle intervient quelques semaines seulement après que le Ghana a accepté de recevoir des migrants expulsés des Etats-Unis. Certains analystes politiques comme l’expert en gouvernance Bright Simons, ou encore le député John Fordjour, ont toutefois vu là un remerciement après l’accueil, accepté par le Ghana, de migrants africains déportés des Etats-Unis, en septembre.

Le gouvernement a démenti tout lien entre ces événements. Felix Ofosu, porte-parole présidentiel, assure que « nous entretenons des relations de longue date avec les USA et donc, s’il s’avère nécessaire, à un moment donné, d’offrir une aide à certains déportés ouest-africains, et nous sommes dans une position de le faire, je ne pense pas qu’on doive le faire sur la base de certaines exigences que nous formulons. Donc cela n’a rien à voir avec les restrictions de visa. Les raisons des restrictions de visa étaient claires et nous avons travaillé dur pour convaincre les autorités américaines que nous sommes capables de répondre à leurs préoccupations. »

Au niveau national, le sujet des déportés fait débat. Certains, comme Milicent, croient en l’argument humanitaire du gouvernement. Pour lui, « le Ghana est un pays sans visa pour les citoyens ouest-africains. Grâce à cette opportunité, le président a accepté de les recevoir au Ghana, pour un certain temps. Je pense que c’est une bonne opportunité pour les citoyens ouest-africains qui sont expulsés des Etats-Unis. Une fois qu’ils se sont reposés quelques jours, ils peuvent élaborer une nouvelle stratégie et retourner dans leur pays. »

L’opposition dénonce un accord illégal avec les Etats-Unis

Mais la légalité même de cet accueil est remise en cause par le chef de l’opposition parlementaire, mais aussi par l’avocat qui attaque le gouvernement en justice pour stopper les expulsions, Oliver Barker-Vormawor qui estime que « l’accueil des expulsés est illégal pour deux raisons. D’abord, cela a été conclu sans la ratification du Parlement avant sa mise en place. C’est contre la loi ghanéenne. Ensuite, le protocole de la Cédéao sur lequel le gouvernement se repose n’autorise pas l’accueil involontaire de personnes. C’est seulement pour les mouvements volontaires. Cela ne peut pas servir de base à des expulsions. »

Claudia Lacave (DW)


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A propos Colombo KPAKPABIA 1390 Articles
Colombo Kpakpabia est Directeur de publication du journal Le Temps. Il capitalise plus de 32 ans d'expérience dans la presse écrite et audiovisuelle. Colombo axe son travail sur la recherche et l'efficacité. Contact Email: [email protected]

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