Les rues dakaroises du Plateau gomment des noms français

Après Saint-Louis et certaines communes de la capitale sénégalaise, c’est la commune du Plateau, à Dakar, qui vient d’honorer une dizaine de personnalités sénégalaises. Des artères porteront leurs noms, au détriment de ressortissants de l’ancien pays colonisateur.

Le site Seneplus ose le verbe : « le Plateau décolonise ses artères ». Dans un Sénégal qui redéfinit chaque jour un peu plus ses relations avec l’ancienne puissance coloniale, la commune du quartier dakarois du Plateau emboîte le pas national, en rebaptisant une dizaine de ses rues principales. Dans cette logique de valorisation du patrimoine culturel national, ce sont bien des noms de Français qui passent à la trappe, au profit de personnalités sénégalaises, notamment des politiciens et des leaders religieux.

Deux anciens présidents de la République française cèdent leur place à des figures historiques africaines. Ainsi, la rue Sadi-Carnot se nomme désormais du nom de feu le chef religieux l’imam Matar Sylla. Quant à la rue Félix-Faure, elle s’appelle dorénavant rue Serigne-Babacar-Mansour-Sy, du nom de l’ancien khalife général de la confrérie Tidjane.

Exit les politiciens français stars

Deux autres monuments de la politique française ne seront plus honorés dans les artères du Plateau : l’ancien député et fameux leader de gauche Jean-Jaurès cède « son » avenue au marabout Thierno Seydou Nourou Tall. La nouvelle rue Serigne-Mountakha-Mbacké du nom du khalife général actuel des Mourides, remplace celle qui était dédiée à l’ancien président du Conseil des ministres de France Jules Ferry, plus connu pour ses interventions dans le domaine de l’éducation.

Des militaires français risquent également d’être progressivement oubliés au Sénégal. Le maréchal de France Ferdinand Foch est remplacé, en toponymie, par Jean Alfred Diallo, lui-même militaire et un temps chef d’état-major général et commandant en chef des Armées sénégalaises. Quant aux généraux français Joseph Joffre et François Henry Laperrine, ils disparaissent respectivement au bénéfice d’Ibra Binta Gueye Mbengue et Momar Ngom. La rue du médecin Albert-Calmette est rebaptisée rue Ousmane-Tanor-DIeng, du nom de feue la figure emblématique du parti socialiste. Dans ce tableau peu féminin apparaît également le nom d’un ancien président, qui fêtera l’année prochaine son centenaire : le boulevard de la Libération devient ainsi le boulevard Abdoulaye Wade, équilibre politique oblige.

Tendance ouest-africaine

La commune du Plateau s’inscrit dans une vague de débaptisation de rues, soit de manière radicale dans les pays néo-souverainistes qui accusent toujours la France de mauvaises intentions à l’égard de leurs juntes, soit de façon plus pondérée, comme au Sénégal du duo Faye-Sonko. Le 4 avril dernier, à l’occasion de sa fête nationale, le boulevard Général-de-Gaulle devenait le boulevard Mamadou-Dia, du nom d’un des pères de l’indépendance et premier Premier ministre du Sénégal après 1960.

Toujours au Sénégal, avant l’arrivée au pouvoir de l’actuel régime, la ville de Saint-Louis avait débaptisé une place qui portait le nom de Louis Léon César Faidherbe, qui mena l’entreprise coloniale française en tant que gouverneur au milieu du XIXe siècle.

Jeune Afrique


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A propos Colombo KPAKPABIA 1393 Articles
Colombo Kpakpabia est Directeur de publication du journal Le Temps. Il capitalise plus de 32 ans d'expérience dans la presse écrite et audiovisuelle. Colombo axe son travail sur la recherche et l'efficacité. Contact Email: [email protected]

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