Togo : Participer ou boycotter les élections communales ? Analyse des enjeux politiques

Togo : Participer ou boycotter les élections communales ? Analyse des enjeux politiques

Dans le contexte politique togolais actuel, la question de la participation ou du boycott des élections communales suscite des débats passionnés. Après le coup de force constitutionnel orchestré par Faure Gnassingbé et son parti, l’Union pour la République (UNIR), les partis d’opposition et leurs sympathisants se retrouvent à un carrefour critique. Les opinions divergent quant à la stratégie à adopter face à un régime dictatorial et répressif. Nous analysons les arguments pour mieux cerner les enjeux.

Les arguments en faveur du boycott

De nombreux acteurs politiques et militants de l’opposition, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, plaident pour un boycott des élections. Ils estiment qu’une participation à ces scrutins, jugés non crédibles, pourrait légitimer un régime qu’ils considèrent comme illégitime. Ces voix soulignent que la participation à la gestion locale, dans un cadre dominé par la peur et la répression, ne pourrait que renforcer les institutions que l’opposition tente de contester. En effet, pour ces militants, le combat contre ce qu’ils appellent la « cinquième république » doit passer par une stratégie d’isolement du régime de Faure Gnassingbé. Cela semble logique dans la mesure où les réformes imposées par ce régime ont conduit à la suppression de l’élection présidentielle et de la limitation de mandat. La solution serait alors de se concentrer sur les actions pouvant conduire à la chute du pouvoir.

Les arguments en faveur de la participation

À l’opposé, certains partis politiques, notamment ceux qui dirigent actuellement des exécutifs municipaux ou ont quelques élus dans les communes, plaident pour une participation aux élections. Ils avancent qu’en s’impliquant dans la gestion locale, ils peuvent continuer à défendre les intérêts des populations et à offrir des alternatives face à la gouvernance actuelle. Ces partis estiment que le retrait du jeu électoral pourrait laisser le champ libre à l’UNIR et qu’il est impératif de maintenir une certaine présence pour contrer les dérives du régime. Les responsables de ces partis soulignent également que la participation aux élections peut être un moyen d’exprimer un désaccord face à la politique du gouvernement tout en cherchant à obtenir des résultats concrets sur le terrain. Ils soutiennent que « la politique de la chaise vide » n’a jamais payé au Togo.

Les élections sous la dictature Gnassingbe divisent les opposants

Les implications pour les militants

La position adoptée par les partis politiques a des répercussions significatives sur leurs militants. Ceux qui soutiennent le boycott craignent que la participation à des élections jugées frauduleuses ne nuise à la crédibilité de l’opposition. Par ailleurs, ils s’interrogent sur la capacité de leurs leaders à renoncer à des postes en cas de victoire, ce qui pourrait engendrer des tensions internes.

D’un autre côté, les partisans de la participation encouragent leurs militants à s’engager activement et à se battre pour des changements à la base, en mettant en avant l’importance d’une représentation locale. Ils soutiennent que la gestion des affaires locales est essentielle pour le développement des communautés et que, même dans un contexte difficile, il est possible d’améliorer la vie des citoyens.

Une lutte complexe

La lutte contre le régime de Faure Gnassingbé s’avère être un défi complexe et nuancé. La question de savoir si la participation aux élections communales est compatible avec la lutte contre la dictature dépendra des stratégies choisies par les partis d’opposition et des dynamiques qui émergeront au sein de la population. Alors que certains militent pour une radicalisation de la lutte, d’autres envisagent la voie des urnes comme un moyen de faire entendre leur voix et de contester le pouvoir en place.

Il n’est pas facile de départager ces deux positions. Le risque est néanmoins réel que les efforts de rassemblement et d’union de l’opposition soient brisés à cause du choix que feront certains partis. Les communales sont prévues pour le mois de juillet 2025 et les préparatifs sont déjà avancés.

Le débat reste ouvert, et les prochaines semaines seront cruciales pour observer comment les différentes forces politiques s’aligneront face à cette échéance électorale. Quelles que soient les décisions prises, l’issue de ce processus sera déterminante pour l’avenir politique du Togo et pour l’engagement civique de ses citoyens pour le changement politique.

Joséphine BAWA


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