Niger :Décès de l’ancien Premier ministre nigérien Hama Amadou

 L’ancien premier ministre nigérien Hamadou est décédé ce 23 octobre à Niamey, il était depuis les années 1990 et le début du processus démocratique, l’un des principaux artisans de la scène politique de ce pays  sahélien aujourd’hui dirigé par une junte. Il avait 74 ans.

C’est l’une des vieilles figures de la scène politique nigérienne qui vient de disparaître avec le décès de Hama Amadou. Tantôt du pouvoir, tantôt de l’opposition, l’ancien Premier ministre aura écumé le théâtre politique en étant mêlé à tous les grands moments de la vie du pays.

Cet ancien contrôleur des douanes  est très tôt associé au pouvoir comme directeur de cabinet du général Seyni Kountché (septembre 1985-novembre 1986) puis de son sucesseur Ali  Saïbou. Il va d’ailleurs représenter ce pouvoir politique militaire tombeur du premier président Hamani Diori à la conférence nationale. En 1991, des soubresauts sociopolitiques dus à une grave crise économique et aux vents de l’Est imposèrent  au général Ali Saïbou une conférence nationale.

Hama Amadou devient alors le secrétaire général du MNSD (Mouvement national pour la société du développement ), son nouveau parti qui entra dans l’opposition à la faveur des élections générales en 1993.

Son opposition au président Mahamane Ousmane au parlement a entraîné deux dissolutions. Premier ministre de cohabitation en 1995, son opposition au président Mahamane Ousmane sclérose l’activité politique. Conséquence: une intervention de l’armée dirigée par le général Baré Maïnassara, pour interrompre le processus démocratique.

Il se rallia au général Mamadou Tandja à la chute du président Baré Maïnassara. Ensuite, il devient le Premier ministre le 3 janvier 2000 à l’élection de Tandja Mamadou en décembre 1999.  Il dirigea le gouvernement pendant sept ans avant de tomber à la suite d’un scandale de corruption ayant entaché plusieurs de ses ministres.

Eclaboussé par une affaire de détournement de l’aide de l’Etat à la presse, Hama Amadou connut la détention politique. Il en profita pour entrer en opposition à son ancien patron Tandja Mamadou. On le retrouve à la tête d’un nouveau parti, le Moden FA Lumana, qui rallia le reste de l’opposition contre la tentative d’un troisième mandat du général Tandja Mamadou.

Toujours aux portes du pouvoir suprême

A la suite du coup d’Etat contre Tandja, Hama Amadou devient le principal opposant à Mahamadou Issoufou, vainqueur de la présidentielle de 2011, saluée comme une vraie alternance au Niger. Hama Amadou était considéré comme une émanation du pouvoir militaire qui a régné sur le Niger de 1974-1991 et qui a continué à diriger le pays  à travers le MNSD et certains de ces hommes.

Allié au président Mahamadou Issoufou élu en 2011, Hama Amadou ne tarda néanmoins pas à en devenir le principal opposant. Comme fruit de cette alliance Hama Amadou récolta la présidence de l’Assemblée nationale. Mais la fracture intervient rapidement entre les -deux ex-alliés, au fur et à mesure de l’approche de  la présidentielle de 2016. Hama Amadou fut accusé de trafic de bébés, s’enfuit du pays, et fut condamné par contumace tandis que l’une de ses femmes connut  la détention.

Il revint au Niger en 2020 pour faire face à la justice. Il connut alors détenu pendant 8 mois avant sa libération à la faveur de la crise de la covid-19. La Cour constitutionnelle l’écarta néanmoins de la présidentielle de 2021 qui a vu l’érection à la présidence de Mohamed Bazoum.

Reparti en exil, Hama Amadou revint au pays à la faveur du coup d’Etat du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie du  général   Abdourahamane Tchiani. Il n’a pas condamné le putsch alors que l’entourage du président destitué menait des tractations pour son retour.

Depuis l’ouverture démocratique en 1991, Hama Amadou a marqué le théâtre politique de son empreinte et surtout de son habileté pour sortir son épingle d’un jeu assez trouble fait d’alliances et  de mésalliances, de ruptures et de représailles.

Durant toutes ces années, Hama Amadou aura été tout proche du pouvoir suprême sans réussir à décrocher ce précieux Graal.