Chassez le naturel, il revient au galop. Les décès de Mgr Philippe Fanoko Kpodzro et d’Agbeyome Kodjo au premier trimestre 2024 ont résolu rapidement une énigme qui n’a que trop duré : la place du MPDD sur l’échiquier politique. Le 26 août dernier, Jonas Siliadin, le président intérimaire du Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) a informé au cours d’une conférence de presse que le parti revenait à ses bases idéologiques.
Résident en France, et ancien bras droit d’Agbeyome Kodjo, Jonas Komlan Akewobudo Siliadin, un homme au passé trouble pendant la conférence nationale, a révélé que selon les dispositions des statuts, le MPDD est d’essence social-libérale et est résolument tourné vers la concertation politique et la recherche de compromis républicains.
Selon M. Siliadin, le nouveau MPDD est engagée dans une opposition républicaine constructive et les militants cherchent à bâtir des alliances avec tous les acteurs politiques et de la société civile.
Dans la foulée, il annonce la suspension de son parti du regroupement des partis, la Dynamique populaire Mgr Kpodzro (DMK) dont il était l’un des membres importants. La DMK était en état de mort clinique depuis la scission entre ses membres quant à la participation aux législatives et locales d’avril 2024.
La mort de l’évêque émérite sonnait le glas de ce regroupement ; la mort d’Agbeyome Kodjo, son candidat à la présidentielle 2020, n’a fait que hâter sa fin.
Un retour à une ligne idéologique sans surprise
Malgré les contorsions langagières du nouveau MPDD, l’annonce est tout sauf une surprise. La radicalité d’Agbeyome Kodjo vis-à-vis du régime depuis la présidentielle 2020 et son exil forcé au Ghana ont été dictés par la position populiste de Mgr Kpodzro. Le discours de rupture de l’évêque était en contradiction avec le jeu d’équilibriste voire de béquille du pouvoir UNIR dans lequel excellait Agbeyome Kodjo depuis la présidentielle 2015.
Après son retour à Lomé en 2005 puis son bref emprisonnement, Agbeyome Kodjo tenait sur une ligne de crête d’une politique apparemment frontale avec le pouvoir, tout en ayant les pieds dans des alliances avec les partis de l’opposition traditionnelle et des coalitions de la société civile (CAP 2010 CST 2013).
Mais en 2015, pour des raisons probablement liées à ces privilèges d’ancien premier ministre et ancien président de l’Assemblée, et des déceptions vis-à-vis de ces pairs de l’opposition, l’ex président du MPDD dénie à Jean-Pierre Fabre sa «victoire» à la présidentielle. Depuis cette date, il n’a eu cesse de fustiger l’opposition au pouvoir.
Une stratégie contre Jean-Pierre Fabre et l’ANC qui lui permet d’être gratifié de quelques sièges aux élections législatives de 2018 boycottées par l’opposition traditionnelle.
En 2020, sa participation à la présidentielle sonne l’effondrement de l’opposition traditionnelle, taxée par Mgr Kpodzro d’être stipendiée par le pouvoir en place.
Agbeyome Kodjo avait-il l’intention de retourner au bercail après la mort de Mgr Kpodzro dont il était l’otage de sa radicalité ? Mystère.
Cependant, son retour ne surprendrait pas le théâtre politique habitué aux tours de ce prestidigitateur tombé tout petit dans la mare RPT et s’y plaisait allègrement.
La mort du numéro 1 ne pourrait donc qu’accélérer un mouvement naturel vers le centre de l’échiquier politique qu’affectionne tant le parti.
A titre posthume, son ancien bras droit, qui connaît les arcanes du pouvoir RPT-UNIR a donc en toute logique donner ce coup de barre au centre
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