Le général Mahamat Deby vient d’être proclamé vainqueur de la présidentielle du 6 mai dernier avec 61% des suffrages, ses supporters et les Forces de défense et de sécurité sont en train de tirer en l’air pour fêter la victoire.
Pourtant dans la journée, peu avant la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale, le Premier ministre Succès Masra se déclare vainqueur du scrutin. Selon lui, un « petit nombre d’individus » mettaient tout était mis en œuvre pour voler la « victoire du peuple » et faire gagner le camp de la minorité. La commission électorale le crédite pourtant de 18% des voix.
Principal challenger du général Mahamat Deby, Succès Masra avait quelque peu perdu de son aura après les négociations secrètes qui ont abouti à sa nomination comme chef d’un gouvernement d’un gouvernement de transition militaire. Ses détracteurs l’accusaient de trahison.
Cependant il restait populaire auprès des masses au regard de la forte mobilisation populaire autour de sa campagne. Sa défaite risque d’amoindrir sa voilure et le reléguer comme beaucoup d’opposants dans la marginalité.
Une élection qui ne va rien changer au destin du pays
Ce scrutin met fin à la période transition après la mort au front du maréchal Idriss Deby Itno, dans des circonstances mystérieuses. Si le Tchad connaît quelque peu la stabilité avec le régime des Deby, une paix basée sur la violence, le pays n’est pourtant pas à l’abri d’une instabilité chronique. La mauvaise gestion des ressources pétrolières attisent des convoitises et suscitent des rebellions régulières.
Avant-dernier pays des pays de la Zone CFA en termes de budget, le Tchad demeure un pays pauvre très endetté, confronté à l’insécurité et aux rebellions en tous genres. La pauvreté et la vulnérabilité sont omniprésentes au Tchad, avec 42,3 % de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté national. La guerre civile au Soudan affecte le fragile équilibre sociopolitique après la mort du maréchal Deby, avec l’accueil de plus de 600 000 réfugiés en provenance du Soudan, de la République centrafricaine et du Nigéria.
L’imposante armée ethnocentrique serait gage de stabilité grâce à une paix militaire et la violence que les Zaghawas, l’ethnie imposante de l’armée, exercent sur la population.
L’issue du scrutin n’est guère surprenant, au regard de la forte influence de l’armée dans la vie politique. Les populations se contenteraient de cette « victoire » du général Deby, tout en espérant le calme au sein de la population.
Les dernières manifestations à l’appel de Succès Masra avaient suscité des répressions sauvages ayant entraîné la mort de plus deux centaines de civils.
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