Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la DMK, a été libérée ce matin sous condition, d’après un communiqué de son avocat. Les argousins de Faure Gnassingbe ont arrêté et détenu la première Secrétaire nationale de la CDPA le 29 novembre dernier. Le procureur de la République l’accusait d’atteinte à la sûreté nationale.
Il s’agit d’une libération sous contrôle judiciaire, une décision du doyen des juges d’instruction, selon l’avocat Me Atsoo Koku Darius. Mme Adjamagbo-Johnson est libérée en compagnie de Gérard Djossou, arrêté un jour plus tôt.
Ce dernier, activiste des droits de l’homme et membre de la DMK, a été arrêté au sortir d’une rencontre avec une délégation du G5 (le Groupe des 5 ambassadeurs – USA, Allemagne, France, PNUD, UE).
Dans un communiqué avançait qu’une perquisition au domicile de Mme Adjamagbo-Johnson avait permis la saisie de documents et d’objets compromettants dont “l’exploitation a confirmé l’existence d’un plan de déstabilisation du pays” devant être “exécuté à l’occasion des manifestations publiques du 28 novembre”.
“Le projet criminel transcende les frontières”, transcende les frontières, selon le communiqué du Procureur de la République.
La famille de la numéro 1 de la CDPA a annoncé dans un communiqué que les pièces à conviction du procureur Essolissam Poyodi sont en réalité des documents domaniaux.
Musèlement de l’opposition
L’arrestation et la détention de la responsable de la CDPA a suscité des réactions de vives condamnations au Togo et dans la communauté internationale. La plupart des partis politiques et des mouvements de la société civile togolaise ont réclamé sa libération immédiate et sans condition. L’Eglise catholique apostolique et romaine au Togo, par l’entremise de la Conférence des Evêques, a déclaré ne pas croire à l’accusation portée contre la femme politique.
La France Insoumise à travers son responsable le député Jean-Luc Mélenchon a également dénoncé cette détention en considérant Mme Adjamagbo-Johnson comme un prisonnier politique de plus dans les geôles du régime. Le Togo compte plus de 300 prisonniers politiques, essentiellement des militants et sympathisants du PNP.
La libération de la coordinatrice de la DMK paraît tout de même surprenante au regard des graves charges d’atteinte à la sûreté de l’Etat retenues par le Procureur. En fin de compte, cette détention ne serait qu’un moyen de museler une adversaire politique un peu trop très active dans la réclamation de la vérité des urnes concernant la controversée présidentielle de février 2020. Ce qui explique son “placement sous contrôle judiciaire”, laissant planer comme une épée de Damoclès suspendu sa tête, le retour de l’ordre judiciaire.
Agbeyome Kodjo, candidat de la DMK à la présidentielle 2020, aujourd’hui en fuite dans un pays étranger, revendique toujours sa victoire.
L’affaire se déroule dans un contexte politique marqué par la proclamation de l’Etat d’urgence sanitaire dû au covid-19, qui permet à la junte militaire togolaise d’interdire toute manifestation publique. En outre depuis 2019, le gouvernement a fait voter par le parlement une loi qui rend encore plus dur l’exercice des libertés publiques.
En filigrane, c’est la justice togolaise qui sort une fois encore quelque peu malmenée dans cette affaire.
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