Des milliers de Libériennes vêtues de noir ont protesté mardi à Monrovia contre l’inaction dont elles accusent le gouvernement face à la recrudescence des viols.
« Nous avons enregistré plus de 600 cas de viol entre juin et août », a dit Margaret Taylor, directrice de l’ONG Women Empowerment Network oeuvrant pour les droits et l’émancipation des femmes.
« En mai, c’était entre 80 et 100 cas », s’est indignée Mme Taylor,. à l’occasion de ce rassemblement marquant à Monrovia et dans d’autres villes du pays le début de trois jours de mobilisation. La fréquence des viols dans ce pays est une préoccupation ancienne.
Un rapport de 2016 des Nations unies faisait état de 803 affaires de viol l’année précédente à travers ce pays de quatre millions et demi de personnes, et dénonçait l’absence de sanctions contre les auteurs, des hommes adultes connus de leurs victimes dans la grande majorité.
Les Nations unies attribuaient ce chiffre en partie à « l’héritage d’impunité laissé par 14 années de guerre civile », de 1989 à 2003, qui ont fait 250.000 morts et au cours de laquelle le viol a servi d’arme de guerre. Entre 61,4 et 77,4% des filles et des femmes libériennes ont été violées au cours de cette période sans que les violeurs soient inquiétés, d’après les Nations unies. L’impunité a persisté, seuls 2% des cas signalés de viols et de violences sexuelles ayant donné lieu à une condamnation en 2015 selon elles.
Le Liberia a adopté ces dernières années des lois pour protéger les femmes. « Mais la fréquence de ces agissements aujourd’hui encore montre bien que cela ne suffit pas », a souligné Margaret Taylor. « C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de s’engager à fond et d’arrêter au plus vite quiconque est accusé de viol ».
Sous des banderoles proclamant « non au viol – non, c’est non », les manifestantes, accompagnées de leurs enfants pour certaines, ont marché jusqu’au Parlement pour déposer une pétition déclarant « trop, c’est trop ».
« Nos mères se font agresser tous les jours (…). Nous vous demandons d’augmenter les fonds alloués à la Justice pour que toutes les affaires de viol et de violence sexiste soient jugées rapidement » ainsi que ceux attribués à la Santé pour la prise en charge des victimes, selon la pétition.
Dans leur rapport, les Nations unies invoquaient une multitude de facteurs: faiblesse des institutions, corruption, inertie du gouvernement, contraintes financières, mais aussi poids des traditions, persistance des références patriarcales et pressions sociales.
avec AFP
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