Une équipe internationale cinématographique se rendra très prochainement à Lomé pour le tournage de la première saison de la série documentaire « Autres soleils d’Afrique », une affaire de montrer la réalité de l’Africaine sous son vrai jour.
Un désir d’Afrique doublé d’une volonté farouche de réécrire sa propre histoire. « On voit beaucoup l’Afrique à la télévision, le sida, les massacres, les guerres tribales, les misères… Mais, en fait, on ne voit pas l’Afrique. Elle est invisible », écrit l’écrivain Edouard Glissant pour décrire la présentation quelque peu dégradante et fantasmagorique de l’Afrique vue d’ailleurs. Une Afrique à l’histoire écrite par d’autres.
C’est pour démentir cette vision de l’Afrique, cette réécriture de l’Afrique, d’une histoire dont des éléments culturels sont happés par d’autres, que Kinoss Dossou porte le projet de jeter une lumière crue sur cette autre Afrique dans une série documentaire nommée à juste titre les «Autres soleils d’Afrique».
Mieux : le registre de production opérera dans une vision de réinvention de l’Afrique. Pour dire que l’Afrique réelle n’est pas dite ; occultée de façon consciente ou inconsciente par le regard d’autrui ; prisonnière des préjugés, cette Afrique existe pourtant. Elle existe à travers ses fils et filles qui dressent l’avenir du continent ; à travers surtout son histoire
Concrètement, il s’agit de faire valoir, disent les porteurs du projet, «les savoirs africains modernes tout en démontrant que loin d’être ce continent des ténèbres que l’on inscrit dans l’imaginaire collectif mondial, l’Afrique s’abreuve aux mille soleils des savoirs et de pensées agissantes et cohérentes, élaborant un tissu social et psychologique d’une rare force».
« Autres soleils d’Afrique » est évidemment un clin d’œil et l’antinomie des Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma ; des indépendances ternies par des errements politiques.
En 6×26 minutes, la série montrera en cette première saison, un autre visage d’Afrique en 54 épisodes. Celle qui marche, celle de son histoire racontée par ses enfants du continent et de sa diaspora.
Destinée au monde francophone, la série est une co-production de portée internationale, de l’OIF, du Conseil International des Radios Télévisions d’Expression Française, Enjeux Télévision à Bruxelles, et Nokoue Medias Industries. L’OIF, comme bailleur à travers le Fonds image, et le CIRTEF comme co-producteur pour assurer une plus grande diffusion de l’œuvre après la sortie officielle. Avec Enjeux Télévision, l’équipe de production parcourra huit pays d’Afrique, trois d’Europe et des Amériques pour aider à la reconstitution d’une histoire travestie, bidouillée.
Un défi de vérité à relever
Le Bénin, la RDC, Madagascar, Maurice, Sénégal et le Togo constituent les terres d’accueil de cette première saison. Et le Togolais Jean-Claude Abalo, journaliste reporter d’image et photographe fait partie de l’équipe de tournage.
Pour Enjeux Télévisions à Bruxelles, le but inavoué de ce projet “c’est que tous les sujets traités se révèlent d’une modernité insoupçonnée malgré leur mise sous manteau. Ils sont d’ailleurs de plus en plus reconnus car jusqu’à maintenant, il s’agit d’une appropriation culturelle qui ne dit pas son nom et qui n’en finit pas d’inquiéter ».
Kinoss Dossou et Selven Naidu, respectivement Béninois et Mauricien, producteur et réalisateur, sont les initiateurs de ce projet. Journaliste de son état, Kinoss Dossou est aussi producteur de télévision depuis plus de 15 ans, avec à son actif deux séries documentaires de 50 épisodes ainsi qu’un moyen-métrage d’investigation de 52 minutes réalisé aux Etats-Unis.
Quant à Selven Naidu, il est auteur-réalisateur de cinéma depuis plusieurs décennies. Il a réalisé notamment ”Jeudi Noir” et de ”Raisonnances’. Son idée est « l’idée centrale de cette série est de rassembler et de restituer autour d’un projet emblématique, de la réalité que nous avons presque perdue ».
Nous sommes ici manifestement en face d’un projet politique. Des controverses sur l’Egypte antique où l’on veut déloger les Africains à Hegel pour qui l’Afrique est un trou noir en passant par le discours de Dakar de Sarkozy pour qui l’Afrique n’est pas encore entrée dans l’histoire, en filigrane cette série documentaire se présente comme une conquête des Africains pour écrire leur propre histoire.
N’est-ce pas comme le disait cette pensée proverbiale africaine, « aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur tant que les chasseurs raconteront » ?
Entreprise vaste et risquée tout de même. Entre le vouloir et le pouvoir, les porteurs de projet ont un sacré défi à relever : celui de la vérité. Et ce n’est pas d’avance gagné, vu la complexité de la question et l’aborder à travers un film constitue une première dans l’histoire et un défi immense.
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