Le Togo, cette p… de l’ambassadeur Marc Vizy… le vizir

L'ambassadeur de France, Marc Vizy (Photo crédit: Ambassade de France)

C’est à travers nos dirigeants que l’ennemi s’infiltre dans nos rangs.

En 1946, quand les nationalistes du CUT remportèrent la majorité à l’Assemblée représentative territoriale, la première sollicitation qu’ils firent au gouverneur français est d’envoyer désormais les élèves togolais destinés à l’enseignement supérieur directement dans les écoles en Occident et non dans les instituts d’enseignements coloniaux du Sénégal et de Côte d’Ivoire. Les nationalistes togolais perçurent très tôt la nocivité du système colonial français, dont le but inavoué est la soumission des consciences politiques africaines, de tout âge, vieilles, d’âge mûr, jeunes, pour la défense de la France, pour parler comme Cheick Anta Diop dans son ouvrage Alerte sous les tropiques.

Les Français retardèrent  cet élan dans le cadre de la loi Gaston-Deferre portant sur l’autonomie, que dis-je, la dépendance des Africains dans le cadre de l’Union française. Ils portèrent au pouvoir leurs larbins du Parti togolais du progrès (PTP).

Ce n’était donc pas surprenant qu’à l’accession de l’indépendance avec la victoire des Nationalistes, le père de l’indépendance du Togo, Sylvanus Olympio, pensa de but en blanc à l’érection d’une monnaie nationale  afin de briser totalement les chaînes de l’hétéronomie.

On sait ce que devint cette vision du Togo le 13 janvier 1963 : Des militaires togolais ignorants se sont joints aux Français pour permettre le retour du pire ennemi de la race noire.

Depuis 1963, l’histoire du Togo n’est qu’une longue tirade des souffrances de cette domination par la France.

Le réveil de la jeunesse africaine autour des questions du franc CFA et le micmac de solution trouvée par Macron et son argousin ivoirien Ouattara, pouvait laisser rêver (n’est-ce pas Professeur Kako Nubukpo ?) à un sursaut d’orgueil de la France, enfin décidée à laisser les Africains voler de leurs propres ailes.

Que nenni. La suspension des journaux togolais, Liberté et L’Alternative,  par la Haac sur un coup de menton de l’Ambassadeur français Marc Vizy, est la preuve éclatante que notre pays sera toujours le jouet de la France. La France ne dirige pas que l’armée togolaise à travers ses coopérants militaires ; elle n’exerce pas que sa domination à travers les contenus de l’enseignement distillé dans nos écoles. Les manuels togolais sont édités par Hachette et Hatier, et le Togo est revenu à la méthode syllabique le jour où Michel Blanquer, le nouveau ministre français de l’enseignement, la réintroduisit en France. Non, la France peut faire tout au Togo.  Elle peut s’autoriser à bloquer un secteur autonomiste comme la presse, là où se fonde cahin-caha notre liberté de pensée.  

Au mépris des conventions diplomatiques, l’ambassadeur français porta plainte à la Haac pour diffamation et atteinte à l’honneur. Dans deux articles, ces journaux l’ont égratigné d’être un soutien inconditionnel du régime militaro-civil de Faure Gnassingbe et partant un relais de la Françafrique.

Liberté et L’Alternative sont les deux principaux journaux osant encore jouer de leur indépendance dans un environnement journalistique glauque.

Ce n’est pas la première fois que ce vizir de la macronie agit de façon décomplexée au Togo. Il y a quelques mois, il conduisit lui-même le directeur de la Brasserie de Lomé à la Haac pour porter plainte contre un journal ayant écrit un article mettant en cause la qualité des produits de ladite brasserie.

Quel ambassadeur étranger oserait un tel comportement en France ?

Mais l’ambassadeur Marc Vizy peut s’autoriser à museler la presse au Togo parce que c’est l’exercice favori  des autorités de fait du pays. Ces supplétifs de l’armée coloniale qui prétendent nous diriger depuis plus de 50 ans.


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A propos Tony Feda 145 Articles
Journaliste indépendant. Ancien Fellow de l'Akademie Schloss Solitude (Stuttgart, Allemagne), Tony FEDA s’intéresse à la sociologie, la culture- ses domaines de prédilection sont la littérature et les arts de la scène du Togo. A travaillé pour plusieurs journaux dont Le Temps, Notre Librairie. www.culturessud.com. Depuis août 2018, s'inspirant de Robert Park et de Bourdieu, il entame sur son blog www.afrocites.wordpress.com des projets sur des thèmes concernant la ville.

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