Un an après son arrivée au pouvoir en avril 2018, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali, 43 ans, s’est vu décerner le Prix Nobel de la Paix pour avoir ramené la paix avec l’Erythrée et sa politique de pacification de la corne de l’Afrique.
Un Nobel d’encouragement. Abiy Ahmed Ali, ancien chef du renseignement militaire éthiopien devenu premier ministre n’a de cesse de surprendre son entourage et le monde. Sa gestion du pouvoir à l’intérieur, sa politique étrangère, et ses actions sur le plan continental, viennent d’être récompensées tout juste un après son accession au pouvoir.
M. Abiy est récompensé « pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale, en particulier pour son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen. Le prix vise également à «reconnaître tous les acteurs œuvrant à la paix et la réconciliation en Ethiopie et dans les régions d’Afrique de l’Est et du Nord-Est», a-t-elle ajouté.
A contre-courant de nombreux partis de la coalition FDRPE (Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien), il a en juillet 2018, soit trois mois après son arrivée au pouvoir, tendu la main au président érythréen Isaias Afwerki pour mettre fin à 20 ans de conflit entre les deux pays frères. Le conflit a fait des milliers de morts des deux côtés et entraîné l’exil de milliers d’Erythréens ainsi que le renforcement de l’implacable dictature Afwerki.
Une réconciliation sur les chapeaux de roue avec la réouverture rapide des chancelleries et des postes-frontière ainsi que le rétablissement des liaisons aériennes.
Seul ombre au tableau, les relations commerciales avec l’Erythrée. Le régime dictatorial érythréen a de nouveau fermé les frontières et handicapant l’Ethiopie de l’accès au port d’Asmara. Pays enclavé, l’Ethiopie est obligé d’utiliser le lointain port de Djibouti alors que celui d’Asmara est le proche.
Un prix d’encouragement à un modèle d’exmplarité en Afrique
En octroyant le Nobel au premier Abiy, le comité suédois récompensait aussi un modèle d’exemplarité politique en Afrique. Ancien officier du renseignement militaire, le jeune premier ministre éthiopien est un visionnaire qui attend mettre son pays sur l’orbite du développement. M. Abiy est arrivé au pouvoir alors que le pays jalonné de toutes sortes de conflits sociaux croupissait sous les manifestations des Oromos- ethnie majoritaire et musulmane- qui s’estiment exclus des affaires, répressions violentes et emprisonnements des leaders politiques.
Le nouveau dirigeant apaise alors la situation par la libération des opposants et des mesures en faveur de plus de libertés politiques ainsi que des mesures sociales. Aujourd’hui la paix intérieure, malgré une tentative de coup d’Etat de quelques militaires mécontents, anime l’Ethiopie dont l’économie est l’une des plus florissantes du continent. Par conséquent, c’est cette bonne gouvernance qui est aussi récompensée
C’est donc à juste titre que M. Abiy se dit « honoré » et « ravi » de recevoir ce « prix donné à l’Afrique ». «J’imagine que les autres dirigeants d’Afrique vont penser qu’il est possible de travailler sur les processus de construction de la paix sur notre continent », a dit le dirigeant éthiopien dans une brève conversation téléphonique avec les institutions Nobel.
Abiy Ahmed Ali est un cas rare sur le continent où prolifèrent des régimes mortifères et assassins de leurs peuples. L’Afrique a son modèle de gouvernement. Il est la preuve que non seulement la démocratie peut se conjuguer avec développement économique et social en Afrique, et que la dictature ne peut pas être une fatalité.
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