Justice: Report du procès opposant le professeur Dodji Kokoroko à l’universitaire Sasso Pagnou

L’audience de ce lundi 24 juin au tribunal de première instance de Kara, a été reportée au 12 août prochain. Le juge Baba Yara demande au défendeur Sasso Pagnou d’apporter la preuve que les plaignants Dodji Kokoroko, Adama Kpodar, et Babakan Coulibaley sévissaient “en réseau” dans le cadre de l’affaire de corruption du système d’évaluation des grades universitaires au sein du Cames.

Le procès opposant les universitaires Dodji Kokoroko, Adama Kpodar et Babakane Coulibaley à Sasso Pagnou a été renvoyé au 12 août prochain. L’audience de ce lundi  24 juin par devant le tribunal de première instance de Kara a été de courte durée. Le juge Baba Yara a demandé au défendeur, l’universitaire Sasso Pagnou d’apporter la preuve que les plaignants «agissent en réseau». Les Conseils de M. Pagnou ont demandé alors un délai pour mieux se pourvoir. Les plaignants accusent Sasso Pagnou d’avoir porté “atteinte à leur honneur”, en affirmant dans un courriel privé qu’ils avaient mis en place un réseau d’évaluation et de promotion fictions.

Sasso Pagnou, enseignant de finances publiques à l’Université de Kara, a été empêché à deux reprises de monter au grade de maître-assistant. Il a fallu une évaluation par un autre jury choisi par le Secrétaire général du Cames en personne pour qu’il puisse accéder au grade de maître-assistant, plusieurs années après sa thèse de doctorat.

Pour rappel, le procès opposant ces trois responsables universitaires à Sasso Pagnou se situe dans le cadre plus vaste d’une affaire de corruption du système d’évaluation des grades universitaires au sein du Cames. Des enseignants titulaires- dont les trois Togolais- sont accusés de manquements à la déontologie et à l’éthique liés aux évaluations des grades universitaires et à l’inscription des enseignants sur la Liste d’aptitude aux fonctions de professeur titulaire du Cames (LAPT).

Affaire déjà tranchée en défaveur des plaignants

Grosso modo, les plaignants sont accusés d’avoir installé, en violation des règles et critères académiques d’évaluation, un système de promotions fictions pour leurs amis et un autre défavorable aux enseignants n’entrant pas dans leurs catégories.

L’affaire a été instruite par le Comité d’éthique et de déontologie du Cames (CEDC) en avril 2019, et tranchée lors de la dernière session extraordinaire du conseil des ministres de la zone, fin mai dernier. Devant l’ampleur du scandale, des mesures de suspension ou d’exclusion ont été prises à l’encontre des professeurs titulaires Dodji Kokoroko, Adama Kpodar, et leurs collègues béninois et ivoiriens.

Par exemple, le président de l’Université de Lomé, le professeur agrégé Dodji Kokoroko a été frappé d’une mesure d’interdiction de participer aux programmes du Cames pendant trois ans. Il lui est également interdit de certifier ou d’authentifier les documents émanant des établissements destinés au Cames pour une durée de trois ans.

Le président de l’Université de Lomé Dodji Kokoroko est surtout pointé du doigt pour avoir aidé l’ex-professeure agrégée de droit Mme Dandi Gnamou, juge à la Cour suprême du Bénin, dans une affaire de co-direction de thèse afin qu’elle puisse de façon indue être inscrite sur la Liste d’aptitude aux fonctions de professeur titulaire. Le Conseil des ministres a lourdement sanctionné Mme Dandi Gnamou, qui perd ainsi son titre de professeur agrégé. Des mesures qui devraient normalement pousser Dodji Kokoroko à la démission.

Quant au troisième plaignant, Babakane Coulibaley, une plainte est en cours d’instruction contre lui dans le même cadre, au niveau du Cames.

Mafia entre Lomé et Cotonou

Si au Togo existe une certaine sourdine à l’affaire, le scandale défraie la chronique dans les médias au Bénin, où deux professeurs titulaires, et non des moindres, sont éclaboussés. Lors de son passage sur un plateau de télévision, le Professeur Barnabé Gbago a taxé vertement le groupe indexé d’être une mafia.

“Il y a une sorte de mafia qui s’est mise en place surtout entre Lomé et Cotonou, et cette mafia avait pour objectif d’empêcher ceux qui ne sont pas de cet environnement, de réussir aux examens pour les carrières des professeurs”, soutient le Professeur Barnabé Gbago .

“Ces gens-là ont pour habitude de régner en maître et de prendre ceux qu’ils voulaient”, ajoute-t-il.

L’affaire s’inscrit dans une longue tradition de corruption du système Cames. Et beaucoup d’universitaires ont tendance à penser que Dodji Kokoroko a profité des dysfonctionnements du Cames pour sévir impunément.


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A propos Komi Dovlovi 1094 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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