L’onde de choc de la mesure d’ostracisme de l’ancien ministre François Akila-Esso Boko par la junte militaire au pouvoir au Togo, parvient jusqu’à l’ANC. Aworou Waste Aregba, « président de la Fédération Europe-Asie », vient de démissionner de son parti. Enseignant à l’ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers), le professeur Aregba proteste ainsi contre le «silence jouissif » de Jean-Pierre Fabre après que le régime, avec l’aide des autorités aéroportuaires françaises, a empêché M. F. Boko de rentrer à Lomé aux termes de 14 ans d’exil en France.
«Ce dimanche 31 mars 2019, je rends mon tablier des charges que le congrès ainsi que les militants de notre parti ont bien voulues me confier : président de la Fédération Internationale Europe Asie de l’ANC, Conseiller Spécial du président National de l’ANC », écrit le professeur Aworou Waste Aregba dans une lettre à Jean-Pierre Fabre, président national.
«Je descends de mes charges de même que je présente également ma démission du parti», ajoute-t-il de façon précise.
Le professeur reproche à Jean-Pierre Fabre de se [complaire] dans un «silence jouissif» alors que les droits constitutionnels de M. Boko sont violés. Un manque de classe et de hauteur pour quelqu’un qui “aspire légitimement” à « la magistrature suprême » du Togo, écrit-il notamment.
Il critique Jean-Pierre Fabre pour son manque de solidarité voire son « ingratitude » malgré les soutiens actifs que M. Akila-Esso Boko lui a apportés par le passé. Il s’agit notamment du rôle joué par Boko dans la candidature de Fabre en 2010– contre la volonté de Gilchrist Olympio [Ndlr]- et en 2015, où Boko aurait tout fait pour faire capoter la candidature d’Alberto Olympio, histoire de favoriser celle de Fabre [Ndlr].
« Hier à l’initiative de François Boko, Comi Toulabour, Tido Brasseur et moi-même avions contribué à l’émergence de l’homme politique Jean-Pierre Fabre, secrétaire général de l’UFC », révèle-t-il. Il note également que M. Boko fut à la base de la formation du FRAC, en ralliant M. Dahuku Péré et Kofi Yamgnane à la candidature de Fabre.
Monsieur Boko aurait toujours milité pour une candidature unique de l’opposition et pour le choix du candidat le mieux placé, et soutenu financièrement la lutte pour l’alternance démocratique.
Rappelons toutefois que dans un communiqué rendu public, l’ANC, le parti de Jean-Pierre Fabre, a « dénoncé » et « condamné » « la volonté du régime RPT/UNIR d’empêcher le retour des Togolais qui ont dû quitter leur pays pour des raisons politiques ». Le parti appelle en outre « le gouvernement togolais au respect scrupuleux de la Constitution qui dispose en son article 22, alinéa 2 : « Aucun Togolais ne peut être privé du droit d’entrer au Togo ou d’en sortir. »
M. F. Akila-Esso Boko a été empêché à l’aéroport Charles De Gaule (Paris)
de rentrer au Togo le 28 mars dernier. Il était muni d’un passeport français et Lomé a refusé de lui délivrer un passeport togolais, d’après les échanges de courriels entre les avocats de l’ancien ministre et Mme Victoire Tomegah-Dogbe, directrice du cabinet du chef de l’Etat Faure Gnassingbe.
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