La Francophonie dépêche une mission d’évaluation au Togo

Depuis le mois d’Août, le Togo est secoué par une crise politique marquée par des mouvements de mécontentement organisés par plusieurs partis de l’opposition. Ceux-ci exigent des réformes politiques que le pouvoir a lésiné à réalisé depuis 2006.

L’Organisation internationale de la Francophonie dirigée par la Canadienne Michaelle Jean vient de décider ce 3 octobre d’envoyer à Lomé une « mission politique de haut niveau » composée de personnalités étrangères. Elle est dirigée par la diplomate nigérienne Aïchatou Mindaoudou Souuleymane.

Pourquoi une mission d’évaluation au Togo?

La mission qui se déroulera du 10 au 13 Octobre dans la capitale togolaise aurait pu arriver depuis la fin du mois dernier. En effet une première tentative avait avorté, sur initiative du Ministre togolais des affaires étrangères Robert Dusseh. Ce dernier n’aurait pas apprécié une note verbale qui lui avait été adressé par l’OIF, notifiant l’importance de réaliser des « réformes constitutionnelles ». Il apparaît donc que le régime Gnassignbé a décidé de lâcher du lest en acceptant d’accueillir finalement cette mission. Il ne s’agit pas (pour l’instant) d’une médiation internationale, mais d’une mission d’évaluation dont le but, d’après le communiqué de la Francophonie est d’analyser « le contexte sociopolitique global, et identifier les secteurs pour lesquels l’action de la Francophonie pourrait être utile à cette étape ». Ce qui n’enlève à rien à cette initiative l’importance qu’elle revêt.

Polémique autour de la chef de délégation

La diplomate Aïchatou Mindaoudou est connue pour avoir conduit en 2015 une mission de la CEDEAO au Togo, en qualité de Ministère des affaires étrangère de son pays alors dirigé par Mamadou Tandja. L’organisation sous-régionale avait à l’époque entériné l’élection de Faure Gnassingbé dans des conditions ténébreuses. Une mission d’enquête des Nations Unies avait par la suite dénombré plus de 500 morts. Ce qui explique que des voies s’élèvent déjà au Togo pour décrier que ce soit dame Mindaoudou qui soit à nouveau chargée d’une nouvelle crise politique au Togo.

C’est pourtant une diplomate chevronnée que la Francophonie a nommée à la tête de sa  mission d’évaluation. La Nigérienne a dirigé auparavant d’importantes missions en Afrique de l’Ouest pour le compte des Nations Unies., notamment en Côte d’Ivoire et en Guinée Bissau.

L’OIF arrivera à Lomé à la suite d’une mission dépêchée au début du mois de septembre par la CEDEAO au Togo et qui avait rencontré des acteurs de la crise politique. Cette nouvelle mission au regard de son mandat et de sa composition aura la possibilité d’aller au fond des choses en rencontrant non seulement les protagonistes directs de la crise mais aussi la société civile, des responsables d’institution et les partenaires bilatéraux et multilatéraux.

La tension reste vive

L’annonce de la mission francophone a été faite à la veille d’une nouvelle série de manifestation décidée par l’opposition. En effet ce 4 octobre, la coalition de l’opposition a appelé la population pour une marche « d’avertissement ». Et le 5 Octobre, pour une marche de « la colère ». La deuxième date est porteuse d »une symbolique: c’est le 5 Octobre 1990 qu’a commencé au Togo le soulèvement populaire qui fut le déclic à la petite ouverture opérée par feu le général Eyadema. Du côté des opposant au régime du fils du dictateur, on caresse le souhait d’une grande mobilisation pour rééditer l’exploit d’il y a 27 ans. L’opposition profitera d’ici le 10 octobre pour monter les enchères.

Il s’agit ni plus ni moins d’une première joute qui va se jouer entre le pouvoir en place et les partis de l’opposition politique. La plus habile des parties sera celle qui réussira à fournir à la délégation internationale des arguments de poids sur sa position. Car au delà de la personne qui dirige cette mission francophone, la suite de la gestion internationale de cette crise togolaise se jouera autour de la mission que produira la mission.

Pour quelques leaders des partis de l’opposition que nous avons contactée à Lomé, que la Francophonie s’implique ou pas, les exigences du peuple togolais pour les réformes constitutionnelles et institutionnelles sont claires et devront trouver une suite rapide.

K. Agboglati

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