Media : Le journal « La Nouvelle » suspendu pour un mois de publication

Bonero Lawson-Betum, directeur de publication de La Nouvelle

Le journal « La Nouvelle » est suspendu pour un mois de publication par la Haac pour «manquements professionnels graves et publications d’images choquantes».

Dans un communiqué rendu public ce mercredi 24 mai, la Haac accuse le journal « La Nouvelle » d’avoir dans sa parution N°0021 du 15 mai 2017 publié des informations en violation de «la dignité de la personne humaine, de la sauvegarde de la paix, de l’ordre public et de l’unité nationale, des impératifs de la défense nationale, de la déontologie en matière d’information et de communication».

La parution incriminée porte sur un article polémique à la Une: «Les Bourreaux des violences politiques de 1958 à 2005», avec en illustration les photos des personnalités politiques togolaises. Dans les pages 8 et 9, le journaliste écrit : «Nous n’avons pas le droit de pardonner».

Le numéro incendiaire intervient dans un contexte politique marqué par une politique de réconciliation qui manque de clarté, surtout avec la décoration de l’ordre national, le 26 avril 2017, d’un des principaux auteurs ou commanditaires des violences avant, pendant, après la présidentielle d’avril 2005. Il s’agit en l’occurrence du Majour Kouloum cité dans le Rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies quant aux violences intervenues à Atakpamé à l’époque.

Dans ce contexte, une publication sur une page aussi polémique de l’histoire du pays devrait faire preuve de beaucoup de doigté et de discernement, de profondes analyses et de pertinence. La Nouvelle, plutôt coutmier des informations sensationnelles, n’a donc pas dérogé à sa réputation.

La Nouvelle, une parution multirécidiviste dans le trash

Cependant la nouvelle suspension est  surprenante d’autant plus que son retour sur le marché est intervenu seulement le 27 juillet 2016 après une longue interdiction  datant de 2013. A l’époque le journal a été interdit pour publications de fausses nouvelles, et son directeur de publication, Bonéro Lawson-Betum, avait connu plusieurs mois de détention plus tard pour avoir livré à la vindicte populaire la fille du ministre de la Sécurité, Yark Damehane.

Ainsi son autorisation de parution par le nouveau président Pitang Tchalla pourrait-elle sembler incompréhensible voire suspecte. Les manquements à la déontologie répétés de Bonéro Lawson-Betum interrogent sur ses qualités et compétenses à la fonction de journaliste. Depuis son retour sur la scène, il a été interpellé à deux reprises par la Haac, le 27 septembre 2016 et le 18 avril 2017.

Il y a donc manifestement un problème. Le président de la Haac, Pitang Tchalla, vient de produire un rapport sur l’état de la presse dans lequel il épingle plusieurs organes. Un rapport qui jette par conséquent le doute sur la volonté de la nouvelle administration de permettre l’existence voire l’exercice d’un journalisme véritable au Togo.

On ne peut guère s’étonner dans ce cas de certaines pratiques. Des demandes de parution dûment déposées auprès de la Haac attendent depuis deux ans une autorisation, une situation en flagrante violation du code de la presse qui exige un délai de deux semaines pour délivrer les récépissés.

Comment peut-on comprendre cela ?

 


En savoir plus sur Le Temps

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

A propos Komi Dovlovi 1148 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

Laisser un commentaire