Dans un courrier à la présidente du Hccrun, Jean-Pierre Fabre souligne que l’Accord politique global est un horizon indépassable pour les réformes au Togo.
Il ne fallait pas le provoquer ! La présidente du Hccrun, Mme Awa Nana Daboya, voulait « macroniser » Jean-Pierre Fabre, le président national de l’ANC, en le comptant parmi les zélateurs de la Commission de Réflexion sur les Réformes Politiques, Institutionnelles et Constitutionnelles. Que nenni.
Dans une lettre de remercierment au «chef de file de l’opposition»,Mme Awa Nana Daboya «[formule] le vœu de continuer à compter sur [son] soutien». Piqué au vif, et ne voulant pas donner le sentiment qu’il approuverait l’institution du HCRRUN, M. Jean-Pierre Fabre a apporté quelques clarifications qui vont de la désapprobation du HCRRUN en tant qu’institution chargée des réformes aux initiatives du pouvoir pour rédiger une nouvelle constitution par une commission d’experts acquis à sa cause.
Pour l’ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2015, le HCRRUN n’a «aucune légitimité», n’inspire «aucune confiance» et aurait pour mission «d’œuvrer à l’enterrement pur et simple de l’APG».
Signé suite aux massacres avant, pendant, après la présidentielle d’avril 2005, l’APG, aux yeux de l’ANC, est conçu pour solder le compte du passé et engager le Togo sur la voie de la démocratie par le déverouillage des institutions, qui se retrouveraient moins dépendantes du pouvoir exécutif, donc indépendantes et fortes.
En installant unilatéralement une commission devant siéger sur les réformes, le pouvoir trahit l’esprit de l’APG, indique le chef de l’ANC pour qui les réformes doivent être opérées de façon consensuelle avec l’opposition.
Les élites fossoyeurs du Togo ?
Dans les derniers paragraphes de sa lettre, le leader de l’ANC s’est livré à une critique acerbe de l’élite togolaise et africaine, les accusant d’être responsables à la solde des régimes despotiques pour sauvegarder leurs petits intérêts.
Enfin, pour que vous compreniez bien ce que nous pensons de votre démarche, nous avons conclu par une appréciation du rôle et de la responsabilité des élites africaines et togolaises dans la situation catastrophique de l’Afrique et du Togo après près de soixante années d’indépendance.
En effet, les élites africaines ont détruit l’Afrique. Elles ont soutenu les coups d’Etat militaires, elles ont théorisé et soutenu le parti unique, le parti-Etat, la dictature.
Par leur capacité à prétendre argumenter sur tout pour justifier l’injustifiable, pour leur seul intérêt, elles ont entraîné l’Afrique dans le gouffre. Elles ont soutenu les ‘’hommes forts’’ pour participer à la nouvelle classe politique en remplacement de la classe politique qui a lutté pour les indépendances et que ces ‘’hommes forts’’ ont décapitée, écrit Jean-Pierre Fabre.
Grosso modo, le leader de l’ANC se remet dans un registre devenu sa spécialité, et celle l’UFC à une certaine époque, celle d’accuser les adversaires politiques de trahison et de vendu au pouvoir en place. Cette fois-ci, le champ lexical est étendu aux intellectuels considérés comme des traitres.
A quand une éxégèse du bilan politique de l’ANC et particulièrement de celui de Jean-Pierre Fabre ?
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