La démocratie sud-africaine serait-elle en danger ? C’est qu’on pourrait à l’appel du président de la Ligue des jeunes de l’ANC à prendre les armes pour défendre le président Jacob Zuma, menacé de destitution à cause de nombreux scandales de corruption.
4000 militants ont manifesté hier 15 octobre à Durban, la principale ville zouloue de la Province du KwaZulu-Natal, répondant à l’appel de la Ligue de la jeunesse de l’ANC au slogan de “Pas touche à Zuma”.
« Camarades vétérans, sortez vos armes. C’est le moment de défendre la révolution. Nous devons le faire, les générations avant nous l’ont fait. Ils ont sacrifié leurs vies », a lancé Collen Maine pendant une manifestation de soutien au chef de l’Etat à Durban (sud-est).
« Jacob Zuma est entouré par des serpents à l’ANC. Nous devons d’abord corriger ça au sein du parti pour être capables de vaincre notre ennemi. Nous n’autoriserons personne à faire tomber Zuma », a-t-il ajouté
Un contexte politique défavorable à Zuma
Cet appel aux armes arrive dans un contexte politique marqué d’abord par la défaite électorale de l’ANC aux élections locales, y compris dans une ville à majorité zouloue comme Durban, et des scandales de corruption à répétition. Ce d’autant plus que le président Jacob Zuma a dû recourir à une décision de justice pour empêcher la médiatrice en fin de mandat, Thuli Madonsela, de publier un rapport hautement défavorable sur les liens présumés du président avec la richissime famille d’origine indienne Gupta.
Présente dans plusieurs secteurs de l’économie sud-africaine, des mines jusqu’à l’immobilier en passant par les médias, la famille Gupta aurait bénéficié de nombreux passe-droits du fait de ces liens avec le numéro de l’ANC.
Jacob Zuma a d’ailleurs profité de la fin de mandat de la médiatrice de la République pour nommer son sucesseur, Mme Busisiwe Mkhwabane, moins hostile d’après ses premières déclarations.
Après les défaites électorales, de plus en plus de voix s’élèvent au sein du parti pour demander le départ de Jacob Zuma.
Tribalisme
La sortie du chef de la Ligue de la jeunesse de l’ANC est d’autant plus terrible qu’il fait référence à l’histoire. Pendant les années d’Apartheid, la lutte fut émaillée de nombreuses violences. L’opposition sud-africaine a souvent recours à des assassinats ciblés de ses propres militants considérés comme des traitres. Et dans le KwaZulu-Natal, il y a une longue guerre civile entre les militants Zoulous de l’ANC et ceux du parti tribal Inkatha Freedom Party du chef Zoulou Mangosuthu Buthelezi. Une guerre civile qui a fait des milliers de morts.
Avec cette manifestation de Durban, il est sans conteste que Jacob Zuma voudrait s’appuyer sur sa base tribale pour gouverner le pays, mettant en danger la vie du plus vieux parti politique d’Afrique dont le fonctionnement démocratique n’a jamais fait de doute pendant plus de 100 ans d’histoire.
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