La lutte contre la corruption au sein de la classe dirigeante sud-africaine pourrait passer au second plan, d’après la dernière sortie médiatique de Busisiwe Mkhwebane, la future médiatrice de la République. Le président Jacob Zuma qui est dans le collimateur de la justice pourrait avoir un peu de répit avec la volonté non avouée d’une médiatrice quelque peu clémente et fait montre de peu de zèle.
La future médiatrice sud-africaine de la République, chargée de veiller au bon usage des deniers publics, a laissé entendre que les affaires de corruption à la tête de l’Etat, sur lesquelles le président Jacob Zuma devait être interrogé le 6 octobre dernier, ne seraient pas sa priorité.
Selon l’AFP, dans un entretien diffusé jeudi sur la chaîne publique SABC, Busisiwe Mkhwebane, a annoncé qu’elle s’intéresserait avant tout aux « personnes sans électricité, sans eau chaude (…) plutôt qu’à la mainmise sur l’Etat » par des milieux d’affaires, un dossier qui empoisonne le chef de l’Etat.
« Oui, c’est important de se pencher sur le sujet (de la corruption) mais je pense que je donnerai la priorité aux citoyens de base », a ajouté cette avocate de 46 ans, qui doit officiellement prendre ses fonctions le 15 octobre.
L’actuelle médiatrice, la pugnace Thuli Madonsela, devait précisément interroger jeudi M. Zuma sur ses relations avec une richissime famille d’hommes d’affaires, les Gupta.
Contacté par l’AFP pour savoir si la rencontre avait eu lieu, le porte-parole de la médiatrice, Oupa Segalwe, s’est borné à répéter que « rien n’a changé par rapport à ce qui avait été annoncé » auparavant.
Les Gupta, une famille d’origine indienne, sont soupçonnés d’exercer une forte influence sur le président Zuma. Des membres du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), les ont accusés d’être intervenus dans l’attribution de postes ministériels, ce que la présidence a formellement démenti.
Le chef de l’Etat a cependant reconnu être un ami de la famille Gupta, dont le vaste empire s’étend dans les secteurs des mines, de l’ingénierie, des technologies, des médias et de l’immobilier. Le président sud-africain, très impopulaire, est impliqué dans de nombreux scandales de corruption. Une situation qui a coûté les élections locales au parti au pouvoir, ANC, sèchement battu dans de nombreuses principales aglomérations du pays.
Busisiwe Mkhwebane a été officiellement nommée jeudi par le président Zuma au poste de médiateur de la République, au terme d’un long processus de recrutement mené par le parlement.
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