La pratique du « cantonnage » a besoin de pioches, de brouettes, de coupe-coupe, de pelles, de râteaux, des seaux et autres matériels souvent rudimentaires à la disposition de la main d’œuvre de l’homme. Le cantonnage consiste au désherbage pour créer de la visibilité le long de la route, à l’entretien des accotements et talus, du drainage, au curage des petits ouvrages d’art (dalots et buses) obstrués par du sable ou des débris végétaux, à la réparation des nids de poule et des fissures souvent causés par les jantes des camions à la suite de crevaison, à l’engazonnement des accotements sujets aux ravines latérales et à l’exploitation des barrières de pluies. Le travail à faire est moins contraignant lorsqu’il s’agit des routes de la campagne car ne disposant pas de tous les atouts d’une route urbaine.
Par le biais de la mise en œuvre de la phase pilote de la nouvelle stratégie des travaux d’entretien des routes, les ministères des travaux publics, des infrastructures et de l’urbanisme relancent l’idée du cantonnage et en appellent à cette pratique déjà lointaine mais qui avait produit des résultats probants. Le colmatage des routes était le mode d’emploi en attendant le meilleur. Mais l’on a attendu longtemps au point où l’asphalte a quitté toutes les routes pour donner place à la poussière.
La nouvelle stratégie d’entretien que tente de restaurer l’autorité par la réintroduction pilote du cantonnage va permettre de maintenir la circulation avec l’élimination des points critiques localisés sur les routes, de protéger les chaussées en facilitant l’écoulement des eaux pluviales, de garantir la sécurité grâce à une meilleure visibilité sur nos routes et d’éviter le plus possible les accidents.
Le cantonnage, une pratique coloniale
Le cantonnage était une pratique coloniale essentiellement communautaire. Si, au départ ce fut un travail bénévole pour permettre au « commandant de cercle » d’éviter les pièges des populations hostiles au colon, il s’est progressivement mué en travail rémunérateur avec le temps, loin des servitudes viles et inhumaines de la colonisation. Personnes en détention y participaient sous surveillance militaire pour purger une partie de la peine.
La revue corrigée de la pratique a été promue vers la fin des années 70. Le cantonnage des années 80 avait un visage plus humain et encadré. Les cantonniers relèvent essentiellement du personnel travaillant pour l’entretien de la voirie mais ici ils se recrutaient parmi les paysans cultivateurs, les élèves, les étudiants en vacances qui n’ont jamais négligé le « sot métier » puisqu’il rapportait et arrondissait les poches de ceux qui s’y a adonnaient : « j’avais encore de l’énergie juvénile dans les années 80, je pratiquais le cantonnage pour envoyer mes enfants à l’école et nourrir ma famille. Quand mes enfants ont grandi, ils s‘y adonnaient pendant les congés et vacances pour préparer leur rentrée. Et après… c’est fini. On salue le retour du cantonnage mais j’espère que les enfants comprendront le bien fondé et s’y adonneront, ceux d’aujourd’hui sont devenus trop paresseux », témoignait ‘oncle’ Denis Potra, nostalgique cultivateur à Tomé, près de Kpalimé.
Aussi source d’emplois
La pratique est source d’emploi car mobilise les habitants des villages environnants. La politique sectorielle de l’Etat en matière d’infrastructures routières avec les grandes orientations stratégiques annoncées par le Premier Ministre devant l’Assemblée Nationale lors de la déclaration de sa politique générale, dispose de la continuation en matière de construction d’infrastructures routières. Leur entretien nécessite disponibilité de la force humaine. En cela certaines localités dans les préfectures de Kloto et d’Agou seront concernées par ce cantonnage. Il est prévu qu’au cours des deux prochaines années, 20 000 emplois soient générés pour occuper les populations des zones environnantes. A côté de la création des emplois (temporaires ou permanents), l’activité pourra faciliter l’accès aux services sociaux de base, freiner l’exode rural en introduisant un pouvoir d’achat supplémentaire généré par la rémunération des villageois et relancer l’économie rurale en facilitant l’accès aux zones de production et l’évacuation des produits agricoles.
Le suivi et le contrôle de ce cantonnage seront assurés respectivement par le service technique de la Société Autonome de Financement de l’Entretien Routier (SAFER qui s’occupe des péages) et la direction régionale des Travaux publics.
Par le passé ce sont les chefs-cir et préfets qui géraient l’activité mais depuis, les subventions de l’Etat ont été suspendues. Les CVD non plus, n’ont pu trouver les financements nécessaires pour relancer ces initiatives. Elles ne constitueront pas les activités principales des populations environnantes puisque le cantonnage se pratique au lever et au coucher du soleil, les moments en berne pour les paysans agriculteurs.
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