Faure Gnassingbé, le dos au mur

Le Président Faure Gnassingbé, en campagne en 2015

Il croyait organiser discrètement sa petite élection, avec une opposition docile, se faire confirmer dans  son troisième mandat et poursuivre calmement sa régence à la tête du Togo. Il s’est même montré magnanime en octroyant pour la première fois des subventions aux candidats, sous forme d’un financement public de la campagne. Mais c’est compter sans la pugnacité d’un Jean-Pierre Fabre, militant de première heure de la lutte pour le changement au Togo. Ce dernier sait pertinemment qu’il n’a pas droit à l’erreur, après avoir taclé son mentor Gilchrist Olympio. La crise post-électorale qui commence risque de ne pas ressembler aux précédentes.

Un processus électoral inéquitable

La communauté internationale a peu fait cas des revendications de l’opposition politique et des organisations de la société civile togolaise. Le régime Gnassingbé s’était engagé à opérer des réformes sur les plans normatif et institutionnel dans le cadre du processus politique pour la démocratie. Ces promesses étaient contenues dans l’Accord politique globale et rappelées par les conclusions de la Commission vérité justice réconciliation (CVJR).

Deux fois au cours de son dernier mandat, Faure Gnassingbé a entamé des dialogues avec ses adversaires ; ils n’ont abouti à rien. Des propositions de réformes présentées par le gouvernement avaient été rejetées par sa propre majorité parlementaire : une parfaite mise en scène qui avait laissé indifférente la communauté internationale.

Parmi les exigences des acteurs opposés au régime, il y a la question de la limite de mandat et celle de l’élection présidentielle à tour unique. Le socle actuel du régime Gnassingbé, c’est la résistance au changement par la conservation d’un cadre législatif rustique et d’un dispositif institutionnel anti-démocratique. Il est clair pour les Togolais que si le gouvernement acceptait de faire les réformes nécessaires, le régime ne tomberait.

Une image internationale malmenée

L’élection du 25 Avril expose à nouveau aux yeux du monde comme un pays à problème. La manière dont le président UNIR de la CENI a proclamé les résultats de l’élection présidentielle fait le buzz sur les médias sociaux et dans les médias internationaux. Cette fois-ci, ce n’est plus une urne qu’un militaire tente de subtiliser, c’est la commission électorale qui se montre illégitime et par à-coup expose les tares du régime.

En se pressant d’annoncer à la CEDEAO qu’il allait accéder aux réformes sur le mandat présidentiel, le président Faure Gnassingbé croyait rassurer ses opposants. L’astuce est bien trouvée mais c’est encore un piège. Si des réformes constitutionnelles sont consenties à la suite de l’acceptation du troisième mandat de l’intéressé, il serait éligible à deux nouveaux mandats, le Togo passant sous une nouvelle République !

La crise présente pourrait être la plus grave que le pays ait connue depuis l’ouverture démocratique. Le contexte dans la sous-région oblige le régime à lâcher du lest. Il faudra transcender le processus électoral bancal pour poser le véritable problème de transition démocratique que le pays n’a jamais réussi à opérer.

Agboglati


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