Deux jours après la tenue de l'élection présidentielle, les populations togolaises attendent toujours les résultats du vote. La Commission électorale qui devrait assembler les résultats provenant de ses démembrements du pays et procéder à la proclamation des résultats provisoires est secouée depuis ce lundi par des divergences. Ses travaux ont été suspendus hier alors que les commissaires n'arrivaient pas à s'accorder sur les résultats acheminés sur Lomé par le Général Siaka Sangaré de l'OIF avec les responsables des CELI concernées.
L’opposition dénonce des irrégularités graves
Le candidat de CAP 2015 – plus grande coalition de l’opposition politique ayant participé à cette élection – conteste la validité des procès verbaux et des résultats du vote dans plusieurs localités du nord du pays. Selon Jean-Pierre Fabre, des fraudes à grande échelle ont été orchestrées en faveur de Faure Gnassingbé le candidat du parti UNIR, au pouvoir depuis 2005. Le cas le plus flagrant concerne la préfecture de Binah où il aurait été prouvé que les votants dépassaient de plus de 1200 les inscrits. Certaines des anomalies alléguées par l’opposition ont été vérifiées et confirmées par le Comité d’accompagnement dirigé par le Général Siaka Sangaré de la Francophonie. C’est en s’appuyant sur ces preuves que le chef de file de l’opposition a écrit hier au président de la CENI pour exiger l’annulation des résultats des CELI incriminées.
Le Général Sangaré en arbitre engagé
Alors que le Comité d’accompagnement était considéré comme une caution pour la CENI, il se révèle finalement être une menace pour le pouvoir qui voudrait vite voir les résultats proclamés tels quel. Le Général Siaka Sangaré n’est pas dans un simple rôle d’arbitre. Après s’être déplacé personnellement au nord du pays pour ramener les PV des zones litigeuses, l’officier supérieur malien n’hésite pas à se mouiller pour vérifier et valider chaque résultat avant qu’il soit proclamé par la Commission électorale. Sa rigueur, ajoutée à la tenacité de Francis Pedro Amuzun, le vice-président ANC de la CENI ont conduit à la suspension des travaux hier.
Si le blocage persiste
La question qu’on est en droit de se poser maintenant, c’est ce qui va se passer si la CENI ne parvient toujours pas à s’accorder sur les résultats à proclamer. Le nouvel élément dans cette crise électorale, c’est la lettre formellement adressée au Président de la CENI par le candidat Fabre, lui demandant d’annuler certains résultats. La Commission a l’obligation de statuer sur cette requête avant toute autre initiative. La préférence de Taffa Tabiou était de considérer les résultats tels quels et laisser la main à la cour constitutionnelle pour connaître de la validé des résultats qui sont contestés.
Chat échaudé…
La classe politique togolaise est familière avec les crises post-électorales. De mémoire de Togolais, il n’y a pas d’élection présidentielle pluraliste sans contestation. En 1998, les antagonismes au sein de la CENI sur les résultats avaient amené Mme Awa Nana alors présidente de la CENI à abdiquer. Mais par le passé, l’opposition subissait ces situations sans avoir de véritable voie de recours. La cour constitutionnelle traditionnellement acquise au régime ne statuait pas véritablement sur les réclamations de l’opposition. Les résultats étaient proclamés avec quelques changements sur les décimaux…
Sans résultat provisoire il n’y aura pas de contentieux et pas de nouveau président élu. C’est à cela que se résout le nouveau bras de fer devant témoins, entre le pouvoir UNIR et l’opposition ANC/CAP 2015. L’opposition n’a pas besoin pour le moment d’appeler à la rue. Elle joue avec les institutions et les facilitateurs internationaux et compte visiblement aller jusqu’au bout.
K. Agboglati
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