Le feuilleton judiciaire Pascal Bodjona va écrire un énième épisode avec une nouvelle comparution ce matin de l’ex-ministre de l’Administration territoriale devant la Chambre judiciaire de la Cour d’Appel de Lomé.
Les juges devront se prononcer sur plusieurs recours des avocats de l’ancien numéro 2 du régime. Le premier des recours est le mandat de dépôt prononcé le 21 août dernier par le Doyen des juges d’instruction, en violation des règles de procédure. Le second recours est celui de “violation par le juge d’instruction des dispositions de l’article 92 du code de procédure pénale, lors son de interrogatoire de première comparution en décembre 2013.”
L’affaire Pascal Bodjona est un feuilleton à rebondissement des plus obscurs. L’ancien ministre est poursuivi pour complicité dans une affaire d’escroquerie internationale d’un homme d’affaires émirati nommé Abbas Al Youssef. On reproche spécialement à Pascal Bodjona d’avoir présenté l’homme d’affaires émirati au président de la République, Faure Gnassingbé, donnant ainsi crédit à l’escroquerie.
Une escroquerie qui porte sur plusieurs dizaines de millions de dollars et dans laquelle la justice accuse deux hommes d’affaires, le Togolais et ami de Pascal Bodjona, Bertin Sow Agba- libéré, sous contrôle judiciaire mais en fuite, et le Français, Loïc Le Floch-Prigent, également libéré, sous contrôle judiciaire mais retourné dans son pays d’origine.
La justice togolaise n’a jusqu’à présent pas réussi à prouver la complicité du ministre, se reposant uniquement sur des soupçons, d’où les déclarations des avocats sur le vide du dossier.
La compréhension de l’affaire Pascal Bodjona échappe au citoyen lambda qui ignore l’intérêt de l’Etat togolais pour une histoire d’escroquerie dans laquelle même le plaignant, Abbas Al Youssef, n’est pas blanc. Selon les informations connues de la presse et d’après le plaignant lui-même, Abbas Al Youssef s’est fait avoir en voulant mettre la main sur un pactole fictif de l’ancien président ivoirien, feu le généra Robert Guéï.
Toutefois, l’affaire Pascal Bodjona ne s’explique en réalité que par le contexte politique et les rivalités au sein du camp présidentiel. Jusqu’à présent, le régime du RPT ou son avatar, l’UNIR, est basé sur le pouvoir d’un seul, Eyadema, et maintenant Faure Gnassingbé, à qui l’armée et tout le clan militaro-civil restent soumis, l’alternance étant un sujet tabou. Pascal Bodjona se présentant de plus en plus comme une solution alternative au sein de son camp, on pense qu’au sein du camp présidentiel, cette affaire d’escroquerie tombe comme un pain béni pour écarter définitivement un potentiel adversaire qui pourrait oser mettre en question les sacro-saintes règles de la succession à un pouvoir devenu presque monarchique.
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