Comment donner une information sur un cas de virus Ebola ? Faut-il attendre les sources officielles avant de publier ? Le Temps a reçu les informations d’alerte à l’Ebola à Atakpamé à 4 heures du matin. L’information venait du CHU Sylvanus Olympio de Tokoin, de sources pourtant sûres. Comment cette information s’est révélée fausse (?) plus tard ?
Ebola suscite la psychose au sein des populations, même le personnel hospitalier n’est pas exempt de cette peur panique qui s’empare des masses, du fait d’un virus qui nous prend au piège de nos habitudes les plus banales, comme serrer la main à une personne par exemple, porter secours à un malade, manger dans le même plat, boire dans le même verre, etc…..
Ebola à Lomé
La maladie d’Ebola révèle la fragilité de notre système de santé très peu outillé et organisé pour lutte contre une épidémie dont la virulence pourrait dévaster toute une population. Car Ebola nous prend au piège de nos habitudes et de nos coutumes. Nos structures sont très faibles en matière d’hygiène, et le système de santé le combat très peu. Dans les centres de santé, beaucoup s’inquiètent de mourir plus des maladies nosocomiales…
Une riposte contre la maladie d’Ebola demande une organisation plus sophistiquée du système sanitaire, avec un équipement digne de ce nom. Ceci suppose au moins une installation de petites unités de tests et d’analyse dans les principales villes carrefour du pays. En présence d’un cas suspect, il faudra s’assurer rapidement. Mais tel n’est pas le cas. Sans ministère de la santé, avec un système défaillant, le Togo joue dans le registre d’au petit bonheur la chance.
Qu’est-ce qui s’est passé réellement à Atakpamé, samedi dernier ?
Après le démenti du gouvernement, Le Temps a continué les investigations auprès des hospitaliers du CHR d’Atakpamé ? En réalité, on ne sait pas avec certitude de quoi est décédé le patient à l’origine de l’information sur un cas présumé de virus Ebola à Atakpamé. Le gouvernement n’a fait que démentir l’information sans s’étendre sur le récit des faits.
Après avoir recoupé les informations, il en ressort qu’on ignore les causes du décès du patient à 4 heures du matin, dont l’enterrement a été autorisé par le médecin-chef du CHR. Selon les assistants, le patient qui a été opéré présentait tous les symptômes du virus Ebola : vomissements du sang, éruptions cutanées sanguines, fièvres, etc… Mais le médecin du CHR a déclaré qu’il s’agirait plutôt d’un envoûtement, » du Tchakatchou », un sortilège jeté au patient.
On se croirait dans le recueil de nouvelles Jazz et vin de palme d’Emmanuel Dongala. Comment le médecin-chef, un esprit scientifique, a-t-il pu établir un tel diagnostic pseudo-scientifique ? Le Temps s’est laissé aller aussi dans l’irrationnel et a mené quelques investigations auprès de quelques personnes âgées d’Atakpamé. Il semblerait effectivement qu’il pourrait s’agir d’un envoûtement et que le diagnostic magico-scientifique soit juste. Dans ce cas, autant inscrire l’occultisme et les pratiques vaudoues dans le programme de la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie de l’Université de Lomé !
Il y a une forme de psychose chez les assistants et des infirmiers du médecin-chef du CHR. Ils doutent de la vérité du diagnostic établi par leur supérieur. Ils ne comprennent pas pourquoi le 111, le numéro vert installé les autorités sanitaires n’a pas fonctionné. Mais peut-être ont-ils appelé le 112 ? Car leur chef supérieur parlait à la télévision du 112.
Du cas d’Anié ou d’Atakpamé, difficile de savoir donc de quoi il en ressort. On s’en tient tout de même au démenti officiel, espérant que ce soit vraiment une fausse alerte à l’Ebola.
Mais la question demeure. Comment le journaliste doit-il faire son travail, par delà les contingences de risques et de preuve?
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