L’affaire est sensible et le mystère est complet autour des causes du drame qui a emporté 118 personnes dans la nuit du 23 au 24 Juillet au-dessus du Burkina Faso et du Mali. Pas de tiraillement ni de véritable bras de fer, pour le moment. Mais la mobilisation internationale autour de l’accident fait apparaître une sourde lutte d’hégémonie qui ne laisse indifférent aucun observateur de la géopolitique en Afrique. Entre ce que prévoient les traités internationaux et la réalité des forces en présence, l’enquête sur le crash de l’avion du vol AH5017 d’Air Algérie révèle des situations intéressantes. Il y avait à bord de ce vol 118 passagers de 15 nationalités, en majorité des Français (54) et des Burkinabés (24).
Selon les conventions internationales (OACI et IATA) c’est le pays où s’est produit l’accident (dans ce cas le Mali) qui a la première responsabilité des enquêtes. Ensuite le pays de la compagnie aérienne (l’Algérie). Ce pays s’est très tôt mobilisé pour prendre part aux recherches de l’avion et ses autorités ont été très actives pour collaborer à l’identification des passagers à bord de l’avion. Le pays où l’avion a été immatriculé (l’Espagne) et celui où il a été fabriqué (les USA) ont également leur rôle à jouer. Enfin viennent les pays dont les ressortissants sont victimes : la France vient en tête suivie du Burkina Faso.
La forte présence militaire française au Mali et le positionnement rapide des troupes françaises sur le lieu du crash montrent clairement que Paris entend jouer les premiers rôles pour élucider les causes de l’accident. Cette capacité lui a permis déjà de mettre la main sur les deux boites noires. Des enquêteurs français ont été dépêchés vers le Mali d’où ils pourraient commencer les investigations sur les causes de l’accident. A Gao, ville la plus proche du site du crash le dispositif se met en place…
Le Burkina Faso et l’Algérie devront contribuer dans l’enquête, vu leurs rôles respectifs dans le processus. Pour le Burkina Faso, outre le fait que ce pays ait perdu un nombre important de ses ressortissants, il est l’aéroport de provenance de l’avion accidenté. Le fait que ce sont les militaires burkinabé qui ont découverts les débris de l’avion constituent un facteur de crédibilité non négligeable. Sur le plan sécuritaire et la lutte contre les groupes djihadistes en Afrique de l’Ouest, le pays de Blaise Compaoré a son mot à dire.
Quant à l’Algérie, ce pays devra être en bonne place dans l’enquête. Son poids dans la région (l’Algérie accueille présentement les négociations inter-maliennes) et le fait que c’est la compagnie nationale qui est concernée l’obligent à être devant la scène. Mais reste à voir si la collaboration avec la France sera facile. Le passif historique et les donnes du nord-mali pourraient se mêler.
Les dirigeants français sont hautement mobilisés autour de cette crise, en raison du grand nombre de Français tués dans l’accident. Mais parmi les pays directement concernés, il faut avouer que c’est la France qui dispose des technologies et du savoir-faire les plus avancés pour mener ces investigations. En Afrique de l’Ouest, cette ancienne puissance coloniale est en terrain conquis et peut tout se permettre.
Le Mali, n’aura pratiquement rien à faire ; ce pays affaibli par la crise dans sa partie nord n’a pas été particulièrement efficace dans la gestion du crash.
K. Agboglati
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