Crash du H5017 : Emoi et consternation au Burkina Faso

Les membres de la Cellule de crise

Jamais de mémoire de Burkinabé une tragédie d’une telle ampleur n’a frappé la nation. Le pays fait union sacrée derrière les familles endeuillées par le crash du vol H5017 d’Air Algérie, survenu dans la nuit du mercredi au jeudi. A Ouagadougou, la fin du ramadan a un air morose. Les principaux commerces et alimentations sont fermés, alors même que le deuil national de deux jours décrétés par le gouvernement est passé ce 25 Juillet. Les médias donnent les dernières nouvelles sur la découverte du lieu de l’accident. Les autorités se succèdent pour fournir des informations aux familles ou expliquer les conditions dans lesquelles le drame est survenu.

Les membres de la Cellule de crise
Les membres de la Cellule de crise

L’engagement des officiels :

A la manière de la France, l’Etat Burkinabé a pris des mesures urgentes pour faire face au drame. A peine la disparition du vol H5017 fut-il annoncé que les responsables du gouvernement ont mis sur pied une cellule de crise. Les membres les plus actifs de la cellule : les Ministres Jean Bertin Ouédraogo des Transports, Jérôme Bougouma de l’Administration territoriale et le Général Gilbert Diendéré, Chef d’Etat-major particulier du Président du Faso. Ce général d’habitude discret est le président de la cellule de crise. Des réunions se sont multipliées dès les premières heures pour essayer de tenir le public et les familles informés du développement de la crise.

Dans la journée du 25 juillet, Blaise Compaoré, le président du Faso s’est personnellement rendu sur les lieux du crash, en territoire malien, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière burkinabé. Très affecté par ce qu’il a pu voir sur place, le président très émotif (chose rare chez cet homme réputé pour dissimuler ses sentiments) a déclaré à la presse : « Je suis arrivé triste, je repars en colère… ». Cet engagement des autorités burkinabé est compréhensible, compte tenu du fait que d’une part l’avion accidenté provenait de Ouagadougou et d’autre part une trentaine de Burkinabé se trouvaient à bord.

Le rôle majeur du Burkina dans la recherche des épaves :

De sources autorisées à Ouagadougou, nous apprenons que les autorités ont donné des instructions fermes à l’armée afin de retrouver rapidement ce qui était arrivé à l’avion. Des hélicoptères ont été envoyés dès l’annonce de la disparition pour survoler la zone. En réalité, c’est grâce au dispositif sécuritaire mis en place par le pays dans le cadre de la lutte contre les islamistes que les efforts de recherche ont été concluants si rapidement. Pendant que Français et Maliens recherchaient l’avion au nord du Mali entre Aghelok et Kidal, le Burkina Faso a mis en branle son réseau d’informateurs pour vite identifier le site du crash. C’est le général Diendéré lui-même qui a supervisé les opérations. Et ce fidèle du président Compaoré (par ailleurs ministre de la défense) n’a pas hésité à s’adresser à la presse pour fournir « toute » l’information disponible. Un observateur de la vie politique assure sur la question : « le Burkina joue dans cette affaire son leadership et sa capacité militaire. Blaise Compaoré est conscient des retombées et des conséquences de son rôle, en ce moment critique de son pouvoir… ».

Le Premier Ministre Luc Adolphe Tiao, en sa qualité de chef du gouvernement s’est associé à la cellule de crise pour communiquer avec les familles et les médias sur l’ampleur du drame.

Le Général Diendéré, Président de la Cellule de Crise
Le Général Diendéré, Président de la Cellule de Crise

Une population affectée et consternée :

Un peu partout dans les rues, les maquis, les hôtels, les marchés et ailleurs à Ouagadougou, on ne parle que du drame. Comment un accident d’une telle ampleur a pu se produire et pourquoi un accident d’avion pouvait-il faire disparaitre les carcasses de l’appareil et des passagers ? Ces interrogations sont dans toutes les bouches. Ouedraogo Tahirou, tenancier d’un kiosque à café dans le quartier Zogona le long de l’avenue Charles de Gaule déclare : « si seulement on pouvait trouver les cors pour que les familles fassent leur deuil, ça peut consoler un peu ». Un de ses clients du samedi matin renchérit : « Je ne pense pas qu’un ouragan peut déchiqueter un avion comme ça. C’est possible que quelque chose d’autre s’est produit qu’on n’a pas encore découvert ».  L’incompréhension est encore plus grande dans les familles éplorées. Pour un étudiant en vacances, « le Burkina ne mérite pas un tel drame, quelques jours après une explosion qui a fait plusieurs morts ».

C’est tout le personnel de Marina Market, le plus grand supermarché de Ouagadougou, qui s’est retrouvé ce samedi matin au domicile d’un des responsables de la société. Le grand patron et deux de ses collaborateurs membres de la famille font partie des victimes de l’accident. Une cinquantaine d’agents sont installés sur des chaises dans la maison et autant d’autres dans la cour. « C’est un désastre pour la société, ce sont des gens bien, non ne peut pas expliquer ça… », déclare ému une caissière. Plusieurs personnalités burkinabés et des membres de la communauté libanaise à Ouagadougou défilent pour présenter les condoléances à la famille. Depuis l’annonce du crash, tous les magasins du groupe sont restés fermés.

Les médias font une grande plage sur l’événement et le public est bien renseigné. Certains organes donnent des détails sur les familles éplorées. Ainsi apprend-on que Me Alidou Ouédraogo, ancien président du Mouvement Burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) aurait perdu sa fille unique dans l’accident. Une famille Burkinabé établie à Nice a perdu 6 personnes dans le crash. Des membres de la famille et proches des victimes sont inconsolables. Chacun évoque ses liens avec un ou plusieurs disparus et les circonstances dans lesquelles la dernière séparation a eu lieu. Des récits pathétiques qui en rajoutent à l’émotion générale faite de questionnements.

Des proches des victimes, profondément affectés
Des proches des victimes, profondément affectés

Le Pays des hommes intègres à 50% musulman s’apprête à célébrer la fin du mois du ramadan dans une ambiance d’extrême tristesse, le lundi 28 Juillet. D’ici là, on espère avoir plus d’information sur les cause de l’accident du H5017 d’Air Algérie.

Joséphine Bawa (envoyée spéciale à Ouaga)


En savoir plus sur Le Temps

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

A propos Rédaction Le Temps 977 Articles
La Rédaction Le Temps. Une équipe dévouée de journalistes professionnels. Depuis 1999, nous servons à nos lecteurs des informations et analyses de qualités. Notre ligne éditoriale est conforme aux intérêts supérieurs du Togo. Contact: [email protected]/[email protected]

Laisser un commentaire