Un secret de polichinelle. En dépit des dénégations de la coalition Arc-en-ciel et de l’ANC-ADDI, il devient de plus en plus évident que les deux grands regroupements de l’opposition sont divisés quant à la répartition des 5 sièges qui reviennent à l’opposition au sein de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Les deux partis commencent déjà se les disputer alors que la décision de savoir si l’UFC aussi a droit à sa part du gâteau n’est pas encore prise.
Les faits
Contrairement à la Electoral Commission du Ghana, qui est technique et dont les membres apolitiques ou non -souvent des professeurs d’université de haut vol- sont nommés presque à vie, la Céni togolaise est très politique voire politisée. Selon le code électoral du Togo, la CENI est composée de dix-sept membres dont :
Cinq désignés par la majorité parlementaire ;
Cinq désignés par l’opposition parlementaire ;
Trois désignés par les partis politiques extraparlementaires élus par l’Assemblée nationale ;
Trois de la société civile élus par l’Assemblée nationale ;
Un désigné par l’administration.
Dans le cadre du renouvellement de la composition de la Céni, dans l’optique de la présidentielle 2015, le Président de l’Assemblée nationale, l’UNIR Dama Dramani a lancée un appel à propositions de candidatures aux partis de l’opposition.
La même lettre est envoyée à l’ANC, à l’ADDI (19 sièges tous les deux), à la coalition Arc-en-ciel (6 sièges), au parti dissident de l’UFC (2 sièges), au Parti des patriotes pour la démocratie (FPD, 1 siège)- parti dissident de UFC, et Sursaut national (1 siège). Du coup les 5 partis ou regroupements de partis ont envoyé au total 30 noms pour seulement les 5 à choisir.
La question de l’alignement de l’UFC
L’ANC-ADDI et Arc-en-ciel demandent une clarification : l’UFC est elle comprise dans les 5 sièges dévolus à l’opposition ? Pour les deux regroupements de l’opposition, l’UFC est membre de la majorité gouvernementale depuis 2010, pour avoir signé un accord et un programme de gouvernement avec UNIR et gouvernant le pays de concert avec le parti de Faure Gnassingbé.
On ne peut pas avoir signé un contrat, un protocole, un accord de gouvernement avec le pouvoir en place, siéger en tant que ministres et voter en même temps que la majorité parlementaire, soutenir l’action du gouvernement et se dire en même temps de l’opposition. C’est une incongruité qu’on ne peut trouver qu’au Togo, a affirmé M. Eric Dupuy, secrétaire national de l’ANC à la communication.
A noter que malgré ses protestations, l’opposition avait partagé les 5 sièges avec l’UFC lors des législatives de juillet 2013. L’ANC-ADDI et l’Arc-en-ciel ont ainsi une position commune et unanime sur l’exclusion de l’UFC du champ de l’opposition. Cependant, sans attendre la réponse du président de l’Assemblée nationale, les deux partis se chamaillent déjà à propos des 5 sièges. Invité de radio Victoire FM, Eric Dupuy a indiqué que c’est le président de l’Assemblée nationale qui a créé la confusion en adressant respectivement au groupe parlementaire ANC-ADDI, à la coalition Arc-en-ciel, à Djimon Oré et à la représentante de Sursaut National, un même courrier, les invitant chacun à présenter 5 noms en vue du vote des représentants l’opposition à la CENI.
Pour le Secrétaire national de l’ANC à la communication, (…) Si on devrait s’adresser aux groupes parlementaires, c’est ANC-ADDI et UNIR qui recevront cette lettre. Il aurait été normal et convenant que ce courrier soit adressé également à l’ANC pour qu’elle présente 5 candidats, la même lettre à ADDI, séparément .
Car c’est sur la base de ce courrier que l’ANC a envoyé 5 noms. Et que les autres partis membres de l’opposition parlementaire qui ont reçu la lettre, attendent également envoyer 5 noms. En tout cela fera 20 noms pour l’opposition parlementaire. Une stratégie que l’opposition dénonce. Mais l’opposition a beau vouloir dénoncer le pouvoir en place de diviser l’opposition « à travers certaines personnes grassement payées pour intoxiquer les populations », il n’en demeure pas moins qu’ils sont réellement tombés dans le piège à cause de leur appétit glouton.
Même si on peut soupçonner le pouvoir de vouloir diviser l’opposition à cause des règles de répartition pas du tout évidentes, il paraît néanmoins assez que certains partis attendent bien jouer le jeu du pouvoir.
Ainsi Eric Dupuy, qui joue à la vierge effarouchée, estime que compte tenu du nombre -19 députés pour l’ANC-ADDI et 14 pour l’Arc-en-ciel, la logique voudrait que la coalition du CST remporte 4 sièges contre 1 pour Arc-en-ciel.
Un compte d’apothicaire qui a fait sortir Me Yawovi Agboyibo de ses gonds. Ce sont ces calculs simplistes à répétition qui divisent l’opposition et retardent l’alternance.
Il faut noter que ces passes d’armes se produisent alors que les deux rassemblements de l’opposition sont censés être en négociation en vue de la désignation d’une candidature unique à la présidentielle 2015.
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