Pascal Bodjona : Je suis désormais opposant à Faure Gnassingbé !

On s’y attendait.  La sortie médiatique de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, ne devrait pas être une banale conférence de presse. Un tonnerre médiatique: l’ex-numéro 2 du régime annonce son passage à l’opposition à Faure Gnassingbé et au régime UNIR. Plus de 400 personnes l’attendaient cette mi-journée à l’Hôtel Eda-Oba. Il s’agit d’une conférence de ses avocats, c’était attendu, mais c’est bien Pascal Akoussoulélou Bodjona qu’on a vu.

 Monsieur Bodjona sera présent dans le débat politique… l’opposition est aujourd’hui plurielle…si vous êtes un enfant chassé de chez vous par des gourdins, et vous vous rendez compte qu’on veut vous poursuivre maintenant avec des flèches empoisonnées, la meilleure façon c’est d’aller se réfugier dans une autre maison »… »Je présente mes excuses au peuple togolais. Je sais qu’à un moment donné mes actions politiques ont eu à créer des problèmes à ce peuple. Maintenant, je vais œuvrer pour que les choses changent, a déclaré M. Bodjona.

Pascal

En réalité, sa sortie de sa retraite politique mutique pour dire son ralliement à l’opposition « plurielle » au régime qu’il s’est battu ces dernières années à construire, au prix d’une violence inouïe en 2005,  ne constitue pas une surprise. Pascal Akoussoulèlou Bodjona a souffert dans sa chair la « trahison » de son camp. Il le dit d’ailleurs sans ambages en parlant des coups qu’il a reçus. Il faut être doué comme le Général Seyi Mémène, Natchaba Fangbaré, et Dahuku Péré, pour avoir ce supplément d’âme de retourner et rester dans un camp politique qui vous a fait subir toutes sortes d’humiliations. Pascal Bodjona n’est pas de cet acabit, il est juste un homme avec des sentiments et des ambitions, et qui n’entend pas surtout rester indéfiniment sous la tutelle des Gnassingbé.

Cependant sur le front judiciaire, Bodjona n’est pas au bout de ces ennuis. La chambre judiciaire de la Cour suprême vient de faire annuler les ordonnances prises par une autre juridiction. La prison pend comme une épée de Damoclès sur sa tête. Mais l’enfant terrible de Kouméa dit vouloir poursuivre la lutte jusqu’au bout, en allant devant les tribunaux communautaires de la CEDEAO.

Je demande solennellement à mes avocats de saisir la cour de justice de la CEDEAO pour violation massive de mes droits, et aussi de porter plainte contre les juges véreux qui suivent une logique de paysans dans ce dossier, a ajouté M.  Bodjona.

Nous reviendrons de manière plus explicite sur cette affaire qu risque de chambouler le théâtre politique et de compliquer un peu plus la donne à quelques mois de la présidentielle 2015. Car cette défection entraîne une redistribution des cartes à la fois dans le camp UNIR qu’au sein de l’opposition. Au sein de l’opposition, on a désormais des opposants qui ont la légitimité populaire et des opposants qui ont la légitimité politique.


En savoir plus sur Le Temps

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

A propos Komi Dovlovi 1121 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

Laisser un commentaire