Dans cet article consacré à la croissance sur le continent africain, le journal français Le Monde analyse les facteurs qui rendent possible la constance des pays africains dans le maintien de la bonne santé de leurs économies. Une belle analyse à partir de sources croisées.
Une proposition de la Rédaction
Les économies africaines ont fait preuve d’une « remarquable résilience » pendant et depuis la crise de 2009 jusqu’à aujourd’hui, même si l’atonie de l’activité mondiale a touché le continent. L’Afrique a ainsi connu en 2013 une croissance de 4 % en moyenne, supérieure de 1 point à celle du monde. Son produit intérieur brut (PIB) devrait accélérer à 4,8 % en 2014 et à 5,7 % en 2015 (5,2 % hors Libye) et retrouver alors ses niveaux d’avant 2008-2009, indique le rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2014 rendu public lundi 19 mai.
Ce document, lancé en 2002 par la Banque Africaine de développement (BafD), le centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), concerne pour la première fois les 54 pays du continent africain. Tout en insistant sur la capacité de ce dernier à faire face aux turbulences régionales et internationales, il n’écarte pas la possibilité d’un moindre dynamisme en cas de poursuite de l’atonie de l’économie mondiale.
Il met également en lumière des divergences importantes d’un groupe de pays et d’une région à l’autre.
En Afrique subsaharienne, la croissance s’est établie à 5 % en 2013 et devrait atteindre 5,8 % en 2014. Si l’on exclut de cet ensemble l’Afrique du Sud, qui vient de céder sa place de première économie africaine au Nigeria, les prévisions sont respectivement de 6,1 % en 2014 et de 6,8 % en 2015.
EXPORTATIONS DE FER ET DE MINERAI
L’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest, avec une croissance 2013 de 6 % ou plus, continuent de faire la course en tête, tandis que les pays à faible revenu s’en sortent mieux que les pays en développement d’Afrique du Nord et d’Afrique australe, la croissance ressortant à plus de 6 % dans le premier cas, contre moins de 3 % dans le second.
L’Afrique de l’Ouest est la zone la plus dynamique du continent avec une croissance de plus de 7 % en 2014 et 2015. La locomotive régionale est le Sierra Leone grâce à ses exportations de fer et de minerai.
Le rapport note aussi qu’au Nigeria, où le secteur pétrolier représente pourtant 37 % du PIB et 20 % des recettes de l’Etat, ce sont actuellement l’agriculture et les services (commerce, télécommunications etc.) qui tirent l’économie. L’Afrique de l’Est affiche de belles performances avec une croissance de l’ordre de 6 % en 2014 et 2015. Dans cette région, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie devraient même voir leur PIB progresser de 6,5 % à 7,5 % au cours de ces deux années.
La croissance ne fait pas qu’augmenter, elle se diversifie, ce qui est un élément positif de nature à permettre le passage à un véritable développement économique et social. Ces dernières années, le moteur principal de la croissance africaine a été la demande. La consommation s’est plutôt bien portée du fait des hausses de salaires, de l’augmentation constante des transferts monétaires en provenance des migrants mais aussi du recul de l’inflation (6,7 % en 2014 contre 9 % en 2013) dans de nombreux pays. Son fléchissement a été particulièrement marqué en Ethiopie (passant de plus de 20 % en 2013 à 7 % en 2014), en Tanzanie (de 16 % à 8 %) et en Ouganda (de 14 % à 5,5 %), en raison notamment de la baisse des prix alimentaires et de la stabilité des prix de l’énergie.
DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS SÉDUITS
La croissance doit aussi beaucoup à la relance de l’investissement après vingt années de stagnation. « Avec la reprise de la croissance depuis dix ans et la remarquable résilience dont elle a fait preuve face aux chocs internationaux, l’Afrique séduit de plus en plus les investisseurs étrangers », souligne le rapport. Les investissements étrangers devraient atteindre le niveau record de 80 milliards de dollars (58 milliards d’euros) en 2014.
Côté offre, enfin, l’agriculture et les services ont été les locomotives de la croissance, très loin devant l’industrie manufacturière qui ne représente en moyenne que 10 % du PIB africain. A noter la place grandissante du tourisme dans l’économie continentale : les recettes qu’il procure ont progressé de 6% à 10 % l’an entre 2000 et 2012. L’Afrique a accueilli 53 millions de touristes en 2012. Elle devrait en accueillir 85 millions en 2030 et 134 millions en 2050, sous réserve, bien entendu, d’une certaine stabilité politique.
Claire Guélaud (Le Monde)
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