Abubakar Shekau et sa bande de fanatiques n’ont pas mis du temps pour se mettre au diapason de l’émoi que leur dernier acte a suscité au sein de la communauté mondiale. Face aux réactions tous azimuts et au débarquement des forces internationales pour le combattre, le mouvement islamiste veut marchander avec le gouvernement d’Abuja.
Dans une vidéo de 27 minutes remises hier à des agences de presse internationales, Boko Haram propose de d’échanger les 223 filles enlevées en Avril contre ses combattants prisonniers dans les geôles nigérianes. Dans la vidéo, le chef des rebelles n’a pas manqué à nouveau de faire la propagande de son mouvement. Il a indiqué que toutes les filles enlevées ont été islamisées. Comme d’habitude, il s’en est pris à l’éducation « occidentale » et menacé les autorités nigérianes.
Dans la vidéo, on voit environ 130 filles voilées contre leur gré en train de réciter des sourates. Il est difficile de savoir s’il s’agit bien des lycéennes qui ont été enlevées. « Ces filles dont vous vous préoccupez tant, nous les avons en fait libérées (…) et vous savez comment on les a libérées ? Ces filles sont devenues musulmanes », dit Aboubakar Shekau. « Nous ne les libérerons qu’après que vous ayez libéré nos frères ».
Il précise qu’un tel échange ne concernerait que « celles qui ne se sont pas converties » à l’islam, celles ayant accepté de devenir musulmanes étant devenues « des sœurs ». Dans une précédente vidéo diffusée le 5 mai, le chef de Boko Haram avait menacé de les vendre comme esclaves et de les marier de force.
Le gouvernement du Nigéria a immédiatement rejeté l’offre de Boko Haram : « nous ne négocions pas avec des terroristes » a déclaré un officiel du ministère de l’intérieur nigérian. Une position qui ne fait pas de doute, et qui est classique dans toutes les affaires de prise d’otage. Il n’est pas exclu que sous la pression des parents Abuja entame des négociations secrètes avec Boko Haram, comme il l’a fait par le passé. Le Nigéria est-il conseillé à ce sujet par les techniciens étrangers venus lui porter secours ? Difficile de le savoir. On a appris hier que des avions militaires américains survolent le nord du Nigéria, à la recherche des filles.
On voit dans la vidéo que les filles ont été regroupées au même endroit ; sauf si elles l’ont été juste pour la communication de Shekau, l’homme avide des média. Mais là encore, c’est une piste sérieuse dans la traque contre les salafistes du nord Nigéria. La question que l’on se pose cependant, c’est le risque qui pèse sur la vie des lycéennes, maintenant que les terroristes islamistes savent qu’ils sont recherchés et que le gouvernement n’est pas officiellement ouvert aux échanges proposés. Boko Haram ira-t-il jusqu’à attenter à la vie des otages pour faire plier ses interlocuteurs ? Quand on connait le niveau de barbarie de ce mouvement dans ses attaques précédentes, il ne faut rien exclure. Les prochains jours promettent des développements époustouflants dans la tragédie des fous d’Allah.
K. Agboglati
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