La HAAC épingle les médias et les formations politiques

A l’approche de la présidentielle 2015, les tensions politiques augmentent à travers les médias, explique la HAAC, qui épingle les médias et les formations politiques.

Le regain des tensions politiques sur la scène politique inquiètent la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC). A travers un communiqué du 25 mars,  la HAAC s’inquiète d’une ” activation du débat politique à travers les différents médias audiovisuels” et  demande à tous les professionnels des médias plus de responsabilité et de professionnalisme dans la conduite des émissions débat et des émissions d’expression directe.

La HAAC indique:

 Il nous a été donné de constater depuis quelque temps, qu’il se développe une certaine activation du débat politique à travers les médias audiovisuels. Il en résulte des dérives. Le cas a été observé ces derniers jours sur plusieurs radios de la capitale.

Et rappelle:

à tous les professionnels des médias les responsables des partis politiques et les membres de la société civile  de s’en tenir à leurs obligations essentielles en cette période sensible.

La Haute autorité parle à juste titre de la présidentielle 2015 dont les enjeux suscitent des débats et des polémiques relayés sur les ondes FM des radios privées. La question des réformes constitutionnelles et institutionnelles à entreprendre avant la présidentielle 2015 divise l’opposition et la majorité présidentielle. Les deux camps s’opposent sur la forme et le contenu des réformes, le pouvoir UNIR compte les réaliser à l’Assemblée nationale où il détient une majorité écrasante, tandis que l’opposition, s’appuyant sur l’Accord politique global (APG), demande que la tenue d’un dialogue intertogolais en dehors du cadre de l’Assemblée nationale. Grosso modo, l’opposition demande des réformes discutées et obtenues sur une base consensuelle, qui seront validées ensuite par le parlement.

Kokou Biossey Tozoum, président de la HAAC
Kokou Biossey Tozoum, président de la HAAC

Mais ce n’est guère le seul problème politique qui entraîne des débats sur les ondes des radios privées. L’ANC, à travers un communiqué,  dénonce une “campagne de dénigrement médiatique ”  qu’entretiendrait le pouvoir pour l’affaiblir, et demande à la HAAC de faire cesser certaines pratiques sur les médias nationaux.

Le débat politique s’exacerbe à l’approche de la présidentielle, et les divisions au sein de l’opposition ne favorisent pas une certaine sérénité. Ainsi Nicolas Lawson, président du PRR, a été pris à partie au sortir d’une émission de radio par des  individus se réclamant  de l’ANC. Les leaders de l’opposition s’invectivent sur les ondes, ceci renforçant les tensions. Le Secrétaire général de l’ANC chargé de la Communication, Eric Dupuy, a taxé vertement les journalistes de parti pris et de manquer de professionnalisme, quittant de façon fracassante un studio de radio:

La responsabilité des médias audiovisuels et des journalistes est elle engagée dans la radicalisation du discours politique ? C’est ce que souligne la HAAC à les rappelant au professionnalisme:

C’est pourquoi la Haute autorité en appelle à la responsabilité et au professionnalisme des acteurs des médias dans la conduite des émissions débat et des émissions d’expression politique. C’est le lieu de réitérer la nécessité d’instaurer, chaque fois que de besoin et de façon systématique, le débat contradictoire, ordonné et rigoureux.

Elle  rappelle également les politiques  à la retenue et à la vigilance:

En outre, la Haute autorité rappelle aux responsables politiques leur mission de formation de leurs militants afin qu’ils s’interdisent toute attitude, tout comportement, tout propos de nature à porter atteinte à la dignité et l’intégrité physique des journalistes ou de leurs invités et préserver les biens publics et privés.

La HAAC est l’autorité chargée de la régulation des médias. Dirigée par M. Kokou Tozoum, ancien ministre, ancien militant du RPT, membre du parti UNIR au pouvoir, M. Kokou Tozoum est décrit par les médias comme un président aux ordres. On l’accuse de partialité et de ne pas avoir la même sévérité à l’égard des médias proches de la sensibilité présidentielle. Depuis son arrivée à la HAAC, deux radios sont fermées.


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A propos Komi Dovlovi 1103 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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