Après avoir été retirée à Radio France internationale, la fréquence radiophonique 94.0 FM a été attribuée aux antennes de « Daandé Liptako » qui doivent relayer les informations officielles de l’Alliance des États du Sahel.
Moins d’un mois après l’annonce de son lancement, la radio « Daandé Liptako » tient la cerise sur le gâteau de la guerre communicationnelle que l’Alliance des Etats du Sahel (AES) mène aux « médias menteurs ». Fin novembre, c’est à Ouagadougou que les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger paraphaient l’accord sur la création des antennes officielles de la confédération sahélienne. Ce 17 décembre, c’est encore au Burkina que le Conseil supérieur de la communication (CSC) et le ministère burkinabè des Affaires étrangères ont scellé la reprise d’une fréquence très symbolique, le « 94.0 » de la bande FM occupé jusqu’alors par Radio France Internationale (RFI).
Cette réattribution semble indiquer que la radio publique française ne devrait pas quitter son purgatoire médiatique de sitôt. C’est début décembre 2022, huit mois après une décision malienne identique que les autorités burkinabè avaient suspendu RFI « jusqu’à nouvel ordre », officiellement pour avoir relayé un « message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste ».
Reconquête de l’information
À l’inverse de la radio jugée « impérialiste », voire « néocoloniale », par les tenants de la RPP burkinabè (Révolution progressiste populaire), « La Voix du Liptako » devient le porte-voix officiel des trois régimes sahéliens issus de coups d’État. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères y voit « un instrument de correction » qui « permettra de construire un narratif mieux adapté » au contexte. Le président de l’organe de régulation CSC lui reconnaît cette mission de déconstruction active de la désinformation dans le but de « porter les espoirs des peuples du Sahel ».
Le chef de la diplomatie burkinabè qualifie de « pas décisif » la signature de cette convention d’exploitation de la radio dans la reconquête d’une souveraineté informationnelle de la région, seule capable de garantir une rupture avec des discours occidentaux jugés hostiles à la paix et à la cohésion sociale.
De Ouaga à Niamey et Bamako
Sur le plan technique, l’instrument de production médiatique dispose désormais d’une autorisation d’exploitation de sa fréquence de trois ans renouvelables. C’est toujours à Ouagadougou que les programmes doivent être conçus, dans plusieurs langues nationales des pays membres, avant d’être relayés simultanément à Niamey et à Bamako.
Après la signature de l’accord portant création de Daandè Liptako et l’attribution de la fréquence, la mise en ondes effective de la radio devrait avoir lieu lors de la deuxième session du Collège des chefs d’Etat de l’AES qui doit se tenir les 22 et 23 décembre prochains à Bamako. Une web TV commune sera-t-elle l’étape suivante ? Les directeurs généraux des médias publics malien, nigérien et burkinabè avaient évoqué cette hypothèse, avant de se concentrer sur l’antenne radiophonique.
Jeune Afrique
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