Pillage, prédation, détournement et blanchiment présumé de fonds… ce sont des mots qui gravitent autour d’une enquête de la justice belge. L’affaire concerne le clan du président congolais, Félix Tshisekedi. Des ONG katangaises ont déposé plainte et depuis, les magistrats belges semblent avoir intensifié leurs enquêtes.
Au cœur de l’affaire qui éclabousse le clan présidentiel, il y a le Katanga, une région minière riche en cuivre, cobalt, zinc, uranium et où plusieurs compagnies d’extraction opèrent depuis des années.
Les ressources minières de la RDC attisent les convoitises et leur pillage est souvent dénoncé par des ONG anticorruption, ou par la société civile congolaise.
Des milliards échapperaient au Trésor public
Dans le dossier actuel, ce sont des proches du président congolais Félix Tshisekedi qui sont mis en cause : » Les détournements par le pouvoir actuel, ce sont plutôt les remblais, c’est-à-dire des rejets de mines, pour une valeur de 320 milliards de dollars dans le Katanga, c’est-à-dire les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga, qui ont été pris par ces personnes… », explique Jean-Pierre Muteba de la société civile du Katanga et porte-parole du collectif qui a porté l’affaire devant la justice belge.
Des milliards qui échapperaient au Trésor public. Pour les plaignants, il est important que les fonds présumés détournés soient restitués et servent au développement de la RDC.
Dans l’un de ses articles en ligne, le média Africa Intelligence assure qu’à la suite de cette plainte, la justice belge a demandé à consulter l’historique des comptes de certains membres de la famille Tshisekedi.
Sur la liste figurent notamment, selon diverses sources, les noms de la première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, Christian, Jacques et Jean-Claude Tshisekedi, les trois frères du président congolais, ainsi que deux de ses enfants.
Face à la pression judiciaire, le camp du président Félix Tshisekedi réclame des preuves. Samy Kambala est le président de la jeunesse de l’UDPS de la fédération Mutshatsha dans le Lualaba et selon lui, la famille Tshisekedi a le droit, comme toute autre famille, de mener des activités dans le secteur minier. Pour lui, « à ce stade, toutes les personnes qui accusent ne sont que sur des supputations ». Il estime que « c’est juste un acharnement. Sur le plan politique, ils n’ont plus rien à mettre sur la table comme accusation, afin de discréditer les actions politiques menées. Voilà pourquoi ils ont recours aux accusations non fondées qui touchent à la famille et à la vie privée ».
La justice belge poursuit ses investigations
Selon un juriste que nous avons contacté et qui a préféré garder l’anonymat, la démarche actuelle de la justice belge respecte la procédure, dans la mesure où la plupart des personnes soupçonnées de pillage des ressources minières de la RDC, dans ce dossier, ont la nationalité belge.
Interrogé sur cette affaire, Maxime Prévot, le ministre belge des Affaires étrangères, renvoie à l’indépendance de la justice.
« Des acteurs ont souhaité saisir nos tribunaux. C’est leur droit le plus strict. Bien entendu, on va laisser le pouvoir judiciaire faire son travail et mener aux conclusions qu’il estime devoir mener », a précisé le diplomate belge.
En attendant ces conclusions, ceux qui ont porté l’affaire devant la justice belge ont, au-delà de la question de la restitution, une autre attente, selon Jean-Pierre Muteba : « Ce que nous attendons de cette action, c’est que nous puissions réveiller la communauté internationale pour que, depuis 1960, nous puissions établir les faits, pas seulement ceux que nous avons ciblés dans cette plainte, mais qu’on établisse les faits par rapport à beaucoup d’autres individus non cités qui sont coauteurs de ces détournements », assure t-il.
Reste à savoir si l’issue de l’enquête judiciaire belge, qui cible directement le clan présidentiel, peut avoir un impact dans la lutte contre la criminalité financière, en lien avec l’exploitation des minerais en RDC.
La rédaction francophone de la DW
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.


Laisser un commentaire