Après le rejet par la Cour constitutionnelle de la candidature de Renaud Agbodjo à la présidentielle 2026, le leader des Démocrates, Thomas Boni Yayi, dénonce dans une vidéo la fragilisation de l’édifice démocratique béninois par la majorité.
Début septembre, c’est un Thomas Boni Yayi magnanime qui avait annoncé abandonner l’idée d’une candidature à la prochaine élection présidentielle béninoise, le renoncement de son adversaire récurrent – l’actuel chef de l’Etat Patrice Talon – permettant d’ancrer un nouveau duel dans la génération des quadragénaires. C’est au contraire un Thomas Boni Yayi remonté comme un coucou suisse qui vient de réagir à la mise hors-jeu de Renaud Agbodjo, l’avocat choisit par le parti Les Démocrates pour affronter le candidat de la majorité présidentielle Romuald Wadagni.
Le 23 octobre dernier, la Commission électorale nationale autonome (Cena) publiait une liste où ne figurait aucun candidat des Démocrates, faute de parrainages suffisants. Après le dépôt de la candidature de Me Agbodjo au scrutin du 12 avril prochain, le député de son camp Michel Sodjinou avait indiqué ne pas (ou plus) souhaiter lui accorder son soutien formel. Depuis, le recalé surprise a annoncé son retrait temporaire de la vie politique et chacun attendait la réaction de son mentor.
« Plan de déstabilisation »
C’est donc un Boni Yayi scandalisé qui est intervenu publiquement, ce 28 octobre, dans une vidéo diffusée le lendemain sur les réseaux sociaux. Sur un ton solennel, après la diffusion de l’hymne du parti, l’ancien chef de l’État effleure l’épisode de Michel Sodjinou en accusant la majorité au pouvoir de tenter de débaucher des députés et des hauts responsables des Démocrates. Et Boni Yayi de dénoncer l’existence d’un « plan de déstabilisation » visant son parti.
Il va plus loin en affirmant que son successeur mène une « politique d’exclusion » d’une opposition « systématiquement exclue de toutes les élections », depuis 2016, sauf en 2023. La question des parrainages a d’ailleurs souvent été au cœur du problème, soit du fait de désistements, soit du fait de la carence d’élus, après des boycotts de scrutins. Donnant encore davantage d’intensité dramatique à sa dénonciation, le prédécesseur de Patrice Talon évoque des pratiques « contraires aux lois de la République » et qui « fragilisent l’édifice démocratique » issu de la Conférence nationale de février 1990. Selon le président des Démocrates, Talon « ne veut plus d’opposition », en renonçant « progressivement à faire du Bénin un État de droit et de démocratie ». C’est ce qu’il affirme retenir de leur rencontre à huis clos, le 24 octobre dernier.
Pour le porte-parole du gouvernement contacté par RFI, la vidéo de ce 28 octobre est tout simplement… « pathétique ». Wilfried Houngbédji évoque une « crise qui secoue » les Démocrates et dont son leader « refuse d’assumer les responsabilités ». Et de conclure, avec la morgue de celui qui pense certainement que son camp a la victoire au bout des doigts : « Monsieur Boni Yayi fait du Mister Yayi…
Jeune Afrique
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