Les manifestations qui ont secoué Antananarivo ces dernières semaines ont finalement conduit à la prise de pouvoir du colonel Michael Randrianirina, marquant la fin du régime d’Andry Rajoelina. Mais pour une grande partie de la jeunesse malgache, en particulier la génération Z à l’origine des mobilisations, l’euphorie du changement cède peu à peu la place à la désillusion. Pour Donah Falia, étudiant et militant, les promesses de renouveau semblent déjà s’éloigner : « Nos revendications n’ont pas encore été satisfaites. C’est bien, si certaines demandes du public ont été entendues, comme l’accès à l’eau courante et à l’électricité. Mais pour nous, rien n’a changé », confie-t-il.
Il se souvient du sens premier du combat : « Je voulais vraiment qu’Andry Rajoelina parte, qu’il démissionne simplement. À mon avis, c’était un coup d’État, car il n’a jamais démissionné. Le peuple n’a pas cessé de réclamer sa démission, mais il a refusé de partir. »
Cette transition politique, sur fond de tensions et de fatigue sociale, rappelle à beaucoup de Malgaches les précédents coups d’État qui ont jalonné l’histoire du pays depuis l’indépendance en 1960. Le scénario semble tristement familier : en 2009, la population avait déjà célébré l’arrivée de Rajoelina au pouvoir après une intervention militaire similaire.
Les difficultés quotidiennes restent lourdes : manque d’eau, d’électricité, chômage massif. Pour une génération connectée et mobilisée, ces problèmes traduisent un sentiment d’abandon.
Farasoa Rakotomanana, témoigne : « J’ai participé aux luttes de 2002 et 2009. Cette fois-ci, je suis arrivée plus tard parce que j’ai compris que ce combat est pour mes enfants et les générations futures. L’éducation est en détresse. Les enfants ont cessé d’aller à l’école. C’est déchirant de voir ce qu’est devenue l’éducation nationale. Pendant ce temps, ceux qui sont au pouvoir envoient leurs enfants étudier à l’étranger. Leurs intérêts privés passent avant ceux du peuple. »
Alors que la passation officielle du pouvoir s’est tenue mercredi entre les Premiers ministres, marquée par l’arrivée de Herintsalama Rajaonarivelo à la tête du gouvernement, les jeunes restent sur leurs gardes.
Plusieurs organisations étudiantes, syndicats et associations civiques ont d’ores et déjà prévenu qu’elles continueraient à faire pression si les conditions de vie ne s’amélioraient pas rapidement.
EuroNews
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