France : Même Élisabeth Borne est prête à revenir sur sa réforme des retraites pour sortir de la crise politique

« Si c’est la condition de la stabilité du pays », Élisabeth Borne se dit prête à envisager la suspension de sa réforme. Une forme de main tendue (tardive) au Parti socialiste.

Les surprises s’enchaînent après la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu. Ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne se dit désormais favorable à l’idée de suspendre la réforme des retraites si cela peut aider à traverser la crise politique actuelle.

Un coup de tonnerre politique puisque cette réforme, c’est elle qui l’avait porté lors de son passage à Matignon. Jusqu’à risquer son poste en évitant de justesse une censure après sa décision d’utiliser l’article 49-3 pour faire passer cette réforme particulièrement controversée. Et qui reste à ce jour le totem par excellence du macronisme.

C’est dans les colonnes du Parisien que la ministre démissionnaire a fait cette étonnante déclaration ce mardi 7 octobre. Une manière selon elle de ne pas faire de cette « réforme des retraites un totem ». « Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger », lâche même l’ancienne locataire de Matignon, qui assume d’ailleurs un geste en direction du Parti socialiste.

« De tout temps, effectivement, les retraites ont été un sujet épidermique dans notre pays. L’objet de la réforme de 2023 était de préserver notre modèle en proposant des mesures d’équilibre et de progrès », confie également Élisabeth Borne, qui reconnaît que plusieurs « pistes d’amélioration qui ont été portées par les organisations syndicales, notamment sur la pénibilité et la situation des femmes » doivent être étudiées.

« Et si c’est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d’une suspension jusqu’au débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle », finit-elle par lâcher.

Dans un effort de compromis, elle ajoute qu’« aucune démocratie, surtout quand un pays est à ce point fracturé, ne peut fonctionner si chacun ne fait pas l’effort d’écouter l’autre ». Une position singulière qui vise surtout à éviter une dissolution de l’Assemblée nationale redoutée. C’est ce qu’elle note en évoquant le risque d’« aquaplaning » si le scénario du 9 juin 2024 venait à se répéter une seconde fois. « Une dissolution risquerait d’empirer les choses : cela décalerait d’autant les discussions sur le budget, cela percuterait les municipales de mars 2026… On partirait en aquaplaning ! Il y a peu de chances que cela apporte une clarification. C’est pourquoi je pense qu’on doit tout faire pour ne pas en arriver là. Y compris des bougés », assume-t-elle encore.

Malgré ce geste inattendu en direction du PS et pour éviter d’enfoncer le pays dans la crise, elle se range toutefois du côté de ceux qui militent pour nommer à Matignon une personne sans encartage politique plutôt qu’un Premier ministre issu de la gauche. « Dans l’état de crispation actuel, où les intérêts partisans prennent le dessus, je pense qu’aller chercher une personnalité de la société civile permettrait d’apaiser les choses », avance-t-elle.

Elle décrit au passage le profil type imaginé pour arranger la situation. « Il faudrait une personnalité sans appartenance partisane et sans ambition présidentielle, qui ne serait pas cataloguée dans un camp. Cela créerait les conditions du dialogue et l’action ». Reste à savoir qui pourrait endosser un tel rôle dans les conditions actuelles.

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A propos Colombo KPAKPABIA 1390 Articles
Colombo Kpakpabia est Directeur de publication du journal Le Temps. Il capitalise plus de 32 ans d'expérience dans la presse écrite et audiovisuelle. Colombo axe son travail sur la recherche et l'efficacité. Contact Email: [email protected]

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