Six ans après les élections municipales de 2019, le bilan de la décentralisation au Togo révèle des avancées mais aussi des défis persistants. La création des 117 communes a marqué un tournant décisif dans le processus de gouvernance locale, ouvrant une nouvelle ère de proximité entre l’administration et les citoyens.
Un apprentissage institutionnel
Pour le directeur de la décentralisation, Pali Essossinam, ce premier mandat a constitué avant tout, un véritable apprentissage institutionnel. Intervenant lors de la nuit électorale des municipales de 2025, il a souligné que les élus comme les citoyens ont progressivement intégré la notion de gouvernance locale.
Le directeur de la décentralisation rappelle cependant les obstacles rencontrés, notamment la pandémie de COVID-19, l’insuffisance des ressources financières et l’inexpérience des nouveaux élus. Malgré ces contraintes, les communes ont réussi à fonctionner et à rapprocher plusieurs services autrefois centralisés : Etat civil, légalisation de documents, célébration des mariages, délivrance des permis de construire, urbanisation, éclairage public, entre autres.
Pour le directeur, l’essentiel est que « cette première expérience a permis de poser les bases d’une dynamique que les prochains élus devront poursuivre et consolider ».
Un bilan contrasté sur le terrain
Dans la commune Golfe 2, l’adjoint au maire, pasteur Edoh Komi dresse un bilan mitigé. Il souligne que la création simultanée de 117 communes, certaines dépourvues de ressources propres et d’infrastructures, a rendu l’exercice particulièrement ardu. Dans sa circonscription, dit-il, l’organisation interne de l’administration municipale a constitué une étape clé, avec l’ouverture de mairies annexes et de centres d’Etat civil pour rapprocher les services des populations. Des efforts ont également été menés en matière d’aménagement routier, de soutien à l’éducation (aides aux élèves et enseignants), de gestion de l’Etat civil et d’assainissement.
Dans le Golfe 5, le maire Kossi Agbenyega Aboka met en avant un bilan plus visible, marqué notamment par la gestion de la crise sanitaire. Parmi les réalisations, il cite le reprofilage de plus de 50 km de routes, l’électrification de marchés et de rues, ainsi que la construction de hangars, de latrines publiques et du siège de la mairie.
Des insuffisances à corriger
Le pasteur Edoh Komi déplore cependant plusieurs insuffisances : perception négative des taxes municipales par les populations, absence du bureau citoyen prévu pour recueillir directement leurs préoccupations, et transfert incomplet des compétences, qui a limité l’action des maires. Malgré ces obstacles, il estime que la décentralisation demeure « un progrès indéniable » qu’il convient de renforcer.
Des mécanismes de soutien en pleine croissance
Pour accompagner ce processus, le gouvernement a mis en place plusieurs mécanismes, notamment la Faîtière des communes du Togo (FCT) et le Fonds d’appui aux collectivités territoriales (FACT), créés entre 2019 et 2020.
En cinq ans, la dotation du FACT est passée de 2,63 milliards FCFA en 2020 à 9,5 milliards FCFA en 2025. Selon Dr Siangou Koumtchane, secrétaire exécutif de la FCT, cette montée en puissance illustre la volonté de l’État de « rendre visibles les actions de développement dans les territoires » tout en consolidant la décentralisation.
Si beaucoup reste encore à faire, la décentralisation s’impose désormais comme une réalité institutionnelle et une voie incontournable pour répondre aux aspirations des populations togolaises. Comme le rappelle un adage populaire, « c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle », les conseillers municipaux issus du scrutin du 17 juillet 2025 sont appelés à consolider les acquis pour faire de la gouvernance de proximité une réalité durable.
Par Diane Minlekib de l’Agence Togolaise de Presse (ATOP)
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