Le récent mémorandum du Mouvement citoyen M66, qui lance un appel urgent à une intervention internationale au Togo, marque une escalade significative dans la stratégie de l’opposition togolaise. En s’adressant directement à des acteurs clés comme les Nations Unies, l’Union africaine, la CEDEAO et les pays alliés, le M66 cherche à internationaliser la crise togolaise, une approche qui pourrait avoir des répercussions majeures sur le statu quo politique. Ce mémorandum intervient à un moment critique où la nouvelle constitution a consolidé le pouvoir du parti au pouvoir, l’UNIR, et où la répression des libertés publiques est de plus en plus documentée. L’impact de cette démarche dépendra de la réceptivité de la communauté internationale et de la pression qu’elle est prête à exercer sur le régime en place.
La stratégie d’internationalisation de la crise
La démarche du M66 se distingue par sa tentative de déplacer le débat de la sphère nationale à la sphère internationale. Plutôt que de se limiter aux manifestations ou aux déclarations nationales, le mouvement choisit de présenter son cas sur la scène mondiale, en s’appuyant sur les principes de la démocratie et des droits humains. En ciblant des institutions comme l’ONU et l’UA, le M66 espère déclencher des mécanismes de pression diplomatique, des sanctions ciblées, voire des missions d’enquête indépendantes. Cette stratégie vise à contourner l’incapacité de l’opposition togolaise à renverser le régime par des moyens internes en raison de la répression et du contrôle étatique. En mettant en lumière la « fraude constitutionnelle » et les « violations généralisées des droits humains », le mémorandum fournit un dossier documenté pour justifier une intervention extérieure.
Un impact potentiel sur la situation politique
L’efficacité de cet appel à l’aide extérieure dépendra de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la crédibilité et la résonance du mémorandum auprès de la communauté internationale. Le document, en citant des cas spécifiques d’abus (comme ceux de Marguerite Essossimna Gnakade et Essowè Tchalla), donne un visage humain à la crise et rend les violations plus tangibles.
Ensuite, la réponse des acteurs régionaux et internationaux. Bien que des organisations comme la CEDEAO et l’Union africaine aient souvent été critiquées pour leur inaction face aux crises politiques, la pression accrue de la société civile et des pays occidentaux pourrait les inciter à agir. Des sanctions ciblées contre des individus du régime, telles que des gels d’avoirs ou des interdictions de voyager, pourraient être particulièrement dissuasives et créer des dissensions au sein du pouvoir.
Enfin, l’impact de ce mémorandum sur la conscience collective togolaise et diasporique ne doit pas être sous-estimé. En donnant une voix forte et structurée aux griefs de l’opposition, le M66 pourrait remobiliser les forces de l’opposition et la diaspora, créant un front plus uni et plus résilient. Cependant, cette démarche pourrait aussi être perçue par le pouvoir en place comme une ingérence étrangère et justifier une répression encore plus forte, ce qui poserait de nouveaux défis pour la sécurité des militants et des citoyens.
Le mémorandum du M66 représente une tentative audacieuse de changer la dynamique politique au Togo en externalisant la crise. Si cet appel rencontre un écho suffisant auprès de la communauté internationale, il pourrait potentiellement fracturer le statu quo et initier une pression significative sur le régime togolais pour qu’il s’engage dans une transition démocratique.
Josephine BAWA


En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.


Laisser un commentaire