C’est ubuesque et, sans surprise, le régime togolais l’a fait en interdisant «journée de prière et de solidarité au bénéfice des détenus» politiques, prévue le vendredi 20 septembre 2024 dans la ville de Sokodé, par le front «Touche Pas A Ma Constitution». Le front devait profiter de cette initiative pour remettre des kits scolaires à des enfants de la centaine de détenus.
Selon le ministère de l’Administration territoriale du Colonel Hodabalo Awate, la prière à l’intention des prisonniers «n’est pas de nature à préserver la tranquillité publique». Le front «Touche Pas A Ma Constitution» a lancé une campagne nationale pour la libération des prisonniers politiques. Laquelle campagne se situe dans sa logique de lutte globale pour faire barrage à la constitution de la Vème république de Faure Gnassingbe.
«Encore une preuve du cynisme de l’Etat togolais. Après avoir abusivement privé les parents de liberté, on punit aussi les enfants de Sokodé en les privant d’un soutien essentiel à leur scolarité. La dictature sectaire de ce régime est un réel danger pour les Togolais.», tweete Nathaniel Olympio, le numéro 1 du Front «Touche Pas A Ma Constitution».
Une ville toujours assiégée par le pouvoir
Pourquoi cette journée de prière à Sokode, chef-lieu de la région centrale et de la préfecture de Tchaoudjo ? La majorité des prisonniers politiques sont d’ethnie Tem et originaires de Sokodé, ont été arrêtés pour leur militantisme au Parti national panafricain (PNP), fer de lance des manifestations populaires de 2017 et 2018 pour revendiquer le retour à la constitution originelle de 1992. Certains des prisonniers pourraient même avoir été arrêtés du fait même d’être Tem.
En 2017 et 2018, le régime RPT-UNIR, au pouvoir depuis 1967, a imposé un blocus à Sokodé et ses habitants qui ont subi des violences de la part de la soldatesque de Faure Gnassingbe. Plusieurs centaines d’habitants se sont réfugiés dans la brousse et un grand nombre, exilé de force. Les principaux leaders du PNP ont dû fuir ou abandonné la politique et le parti, décapité et mis en veilleuse.
Un camp militaire est finalement installé pour la surveillance permanente de la ville et de préfecture. L’interdiction de l’activité du Front n’est pas qu’un signe de la fébrilité du régime face à l’activisme des oppositions togolaises à l’orée de la consécration des institutions de la Vème république en mai 2025.
Le régime a tout simplement peur de Sokodé. Depuis le général Eyadema, le pouvoir togolais tient en très peu d’estime une ville l’hostilité au pouvoir central depuis la colonisation.
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