Le ridicule ne tue pas. Et donc UNIR est en roue libre, avec une victoire outrageusement écrasante à ce double scrutin des législatives et régionales 2024 au Togo.
Selon les résultats de la CENI, le parti au pouvoir remporte 108 sièges contre 5 sièges pour quatre partis de l’opposition, dont ADDI (2), DMP (1), ANC (1), FDR (1).
Le parti au pouvoir écrase partout la concurrence et remporte les sièges en jeu dans les préfectures de Cinkassé (2), Kpendjal (2), Kpendjal-Ouest (2), Tône (4), Oti (2), Oti-Sud (2), Kéran (3), Doufelgou (2), Kozah (4), Binah (2), Bassar (3), Dankpen (3), Assoli (2) Tchamba (3), Tchaoudjo (4), Mô (2), Sotouboua (3), Blitta (4), Est-Mono (3), Moyen-Mono (2), Bas-Mono (2), Haho (4), Agou (2), Kloto (3), Kpélé (2), Wawa (2), Akebou (2), Lacs (3), Vo (3), Zio (4), Yoto (3), Avé (2), Agoè-Nyivé (6).
Quant à l’opposition, le parti ADDI partage les 2 sièges dans la préfecture de Danyi avec UNIR. Le parti du Professeur Gogué grappille également 1 siège dans la circonscription électorale de Tandjouaré, le reste allant au parti au pouvoir. Deux sièges étaient en jeu dans cette dernière circonscription.
Au Golfe, c’est l’hécatombe pour l’opposition traditionnelle dont les partis ANC, DMP, et FDR n’ont pu enlever que 3 sièges contre 5 à UNIR. Jean-Pierre Fabre, Dodji Apevon, et Adjamagbo Johnson, tous têtes de liste de leurs partis sont donc élus.
Nous ne disposons encore des résultats des régionales mais elles sont sensiblement de la même ampleur.
Quelques constats avant de tirer une leçon générale
De but en blanc, si quatre partis de l’opposition traditionnelle entrent au parlement, on note l’éviction des partis satellites d’UNIR à l’instar de l’UFC, du PDP, et dans une moindre mesure du NET.
Mais les résultats sont hilarants et inédits au Togo. Seules les élections de 1961 ont donné la totalité des sièges au parti nationaliste, le Comité de l’Unité Togolaise (CUT), après un mode de scrutin de liste unique selon lequel le parti arrivé en tête sur l’ensemble du territoire emporte tout.
Le pouvoir de M. Faure Gnassingbe n’a pas peur du grotesque pour avoir osé laisser continuer le processus électoral, malgré les énormes allégations de fraudes électorales.
108 sièges 113 dans un pays où la majorité est hostile au pouvoir en place dont le bilan économique et social reste pour le moins catastrophique, il faut de l’audace pour rendre publique une telle invraisemblance.
Quant à l’opposition traditionnelle, elle sort totalement rétamée de ces élections. Ces leaders ont élus honteusement élus à Lomé, tandis que Gogué n’a même pas fait le poids dans Agoé-Nyivè. Elle aura compris, trente-quatre plus tard après le 5 octobre 1900, la leçon énoncée par la CDPA à l’époque : “Démocratie d’abord, multipartisme après“. Les élections dans la plus vieille dictature des tropiques ne servent qu’à légitimer un pouvoir d’office illégitime. On attend dans les tout prochains jours sa réaction à sa cuisante défaite.
Reste une donnée sensible et qui pourra plonger le pays dans une vraie crise: ces élections conduisent-elles au régime parlementaire que prône M. Faure Gnassingbe? Elles ouvrent en tout cas un boulevard de l’histoire d’un pouvoir à vie à Faure Gnassingbe, qui pourrait être probablement désigné président du conseil, une espèce de Premier ministre détenteur de tous les pouvoirs d’Etat.
Allah n’est pas obligé pour les Togolais.
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